• Je ne crois pas à cet air frais.

    L’homme et la femme veulent

    m’aspirer dans leur illusion

    m’enfermer dans leur structure.

    Je ne me laisserai pas faire.

     

    Regardez-les :

    Pourquoi l’homme n’affirme-t-il pas

    son autorité ?

    Pourquoi la femme ne confirme-t-elle pas

    son obéissance ?

    Ils disent

    s’écouter se connaître se comprendre.

    Quel mensonge !

    Comme tous, ils ne recherchent que

    leur intérêt personnel !

     

    Ils prétendent

    être égaux

    ne pas avoir besoin l’un de l’autre

    tout se donner l’un à l’autre.

    Ils ne veulent pas faire un pas

    sans que ce ne soit un cadeau

    pour l’autre !

    Quelle utopie !

    On le sait,

    qu’ils veulent reconstruire le monde

    mais ils ne le proclament même pas !

    Plutôt que par des paroles

    ils s’expriment par des gestes.

    C’est incompréhensible.

     

    La femme, souvent, garde le silence.

    On me dit qu’ainsi elle reçoit en elle

    tout ce que l’homme veut lui donner.

    J’éclate de rire !

    Mais non ! C’est que lui, il ne veut pas

    qu’elle parle !

    Comment ? Que dites-vous ?

    Que le silence de la femme

    permet à l’homme de se comprendre ?

    Eh oui ! Il est tout centré sur lui-même !

    Comment ? Que dites-vous ?

    Que la parole de l’homme

    permet à la femme de se comprendre ?

    Allons ! Vous n’êtes qu’un émetteur de niaiseries !

    Ne perdez pas votre temps,

    regardez les choses

    telles qu’elles sont.

    Comment ? Que dites-vous ?

    Qu’ils naissent l’un de l’autre ?

    Et puis quoi encore ?

    Ah ! Mais ! Vous n’arrêtez pas !

    Et vous prétendez que cette

    « naissance réciproque »

    a « un visage » ?

    Qui n’est ni celui de l’homme ni celui de la femme ?

    Mais vous délirez !

    Seriez-vous un auteur de science-fiction ?

    Ah oui ! La réalité dépasse… me direz-vous !

    Eh bien, permettez-moi de m’en aller.

    Je repasserai plus tard.

    Lorsque vous aurez cuvé votre vin.

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  • Est-ce possible ?

    L’homme et la femme,

    je ne les vois plus ensemble.

    Ils se sont quittés !

    Enfin !

    Comme je leur en avais donné l’ordre.

    Les voilà devenus raisonnables.

     

    Mais que se passe-t-il ?

    Je l’aperçois, lui, et je le vois plus heureux que jamais !

    Je l’entrevois, elle, et je la vois plus décidée que jamais !

    Pire encore :

    ils ne sont pas ensemble

    mais se croisent souvent,

    et en cet instant, aussi fugitif qu’il soit,

    ils se font signe,

    c’est presqu’imperceptible,

    et ils s’éloignent à nouveau l’un de l’autre

    mais j’ai une impression affreuse :

    plus que jamais,

    malgré les apparences,

    ils sont ensemble !

    Où sont donc passés mes ordres catégoriques ?

     

    Quel est ce paradoxe ?

    Plus ils se distinguent

    plus ils sont proches.

    L’habitude de la tristesse,

    ils ne la connaissent pas.

    L’ennui du malheur,

    ils l’ignorent.

    Qu’ils se regardent

    ou qu’ils ne se regardent pas

    les codes de la société en sont brouillés,

    par leur seule existence.

     

    C’est impensable !

    Ils ont choisi le bonheur,

    l’irrésistible avancée de la joie.

    Le monde en noir et blanc

    en est troublé, déconcerté, bouleversé.

    Le comportement de la femme et de l’homme

    est honteux, indigne, déplorable,

    inacceptable, inadmissible, irrecevable.

    Dans ma tête la colère gronde.

     

    Peu à peu, je le vois bien,

    tout les écarte l’un de l’autre.

    Mais je les considère attentivement :

    ils ne disent mot,

    pourtant, les moindres formes que prennent leurs corps,

    dans la plus faible des nuances

    comme dans l’expression la plus nette,

    manifestent

    une incontestable conviction :

    Ce qui les sépare

    les unit.

     

    En eux, autour d’eux, apparaît un univers

    pareil à un soleil nouveau.

    En lui

    l’absence est présence,

    l’obstacle est tremplin,

    l’échec est victoire avant même d’être échec.

     

    Jamais je n’ai vu deux personnes se connaissant à ce point.

    Ma solitude en est ravagée.

    Je disparais.

    Comme si une bouffée d’air frais

    m’aspirait…

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  • Il y a de l’absurde

    – et vous ne me contredirez pas –

    dans la situation de la femme et de l’homme

    lorsque parmi les décombres de la terre

    un halo les entoure.

     

    Tout le monde s’attend

    – et moi le premier –

    à ce qu’ils hurlent leur désespoir.

    Comme tout un chacun dans ce bas-monde.

    Pourtant, ici, ils sont… lumière.

     

    Personne, là où j’habite, ne veut le croire.

    On est convaincu qu’entre eux règne l’incompréhension,

    ou la domination de l’un, ou de l’une, sur l’autre.

    L’univers se réduit à leur querelle,

    intime ou publique.

    C’est rassurant !

     

    On s’installe dans cette confusion.

    Plus elle empire plus on est satisfait.

    Jamais rien ne change,

    la lune passe, avec tous ses quartiers,

    belle excuse !

    pour que je ne change pas !

     

    Mais eux ?

    Pourquoi ne regardent-ils pas la lune ?

    Pourquoi exhalent-ils comme un parfum ?

    Pourquoi s’obstinent-ils à… s’écouter ?

    Mais qu’ils se quittent ! Allez, plus vite que ça !

     

    Ils ne parlent jamais en même temps,

    on dirait qu’ils se comprennent.

    Bizarre, ne trouvez-vous pas ?

    Lorsque l’un parle, l’autre le regarde.

     

    Bon, c’est vrai, leur humanité,

    comme celle de toute créature,

    a l’aspect du chaos.

    Mais – ne s’agit-il pas d’un prodige ? –

    la lueur qu’elle émet produit des parcelles de vie.

     

    Quand ils se regardent, ils regardent au loin.

    Pourtant, ce n’est pas qu’ils louchent !

    Ils ne s’attardent pas l’un dans l’autre.

    Dès qu’ils savourent le plaisir d’être ensemble,

    la terre, au lieu de se détruire,

    – comme dans le cas de possession mutuelle –

    renaît, et les attire.

     

    On cherche leurs points faibles,

    ils sont nombreux et évidents.

    À mes yeux, et aux leurs également.

    Mais ils ne les contemplent pas.

    Ils les jettent dans le feu.

    Quel geste !

     

    La terre : elle m’effraie,

    je crois qu’elle est le mal !

    Eux, ils la touchent de leurs mains,

    elle est leur œuvre.

    Ils la sculptent.

    Elle est leur enfant.

    Elle les emmène dans un espace

    dont les débris sont des fragments de clarté.

    Je ne comprends pas.

     

    Il y a chez cette femme, chez cet homme,

    – jamais je ne l’aurais imaginé –

    un rien qui les… sépare.

    Est-ce cela, qui les rend sûrs de l’avenir ?

    Alors que j’ai

    la timidité de mes convictions,

    eux, ils ont l’assurance

    – n’est-ce pas absurde ? –

    des créatures !

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  • Nombreux

    sont les soleils qui se lèvent,

    et tous s’établissent

    au sein du premier d’entre eux,

    celui qui s’éteint

    et répand la splendeur.

     

    *

     

    Couleurs étreintes

    élevées

    dans leur clarté,

    remises,

    par passion et justice,

    à l’obscurité

    qui les a engendrées

    et les multiplie.

     

    *

     

    Telle une plaine,

    qui embrasserait l’univers,

    et le servirait

    parce qu’elle l’aime.

     

    *

     

    Le poème relève de sa source

    et se laisse

    violenter

    par le courant qui soudain l’y ramène.

     

    *


     

    Se baigner dans la source,

    sans réserve,

    même dans les recoins

    où on n’ose plus l’appeler

    source.

     

    *

     

    Une symphonie se compose,

    sur un fond de dissonance

    que nous avons

    préféré.

     

    *

     

    C’est l’instant

    de l’océan

    et de son intimité.

     

    *

     

    Vagues insoupçonnées

    qui se précipitent sur notre flanc

    confondent notre trajectoire

    et nous entraînent au grand large.

     

    *

     

    Aujourd’hui,

    au cœur de l’océan,

    l’eau et ses trésors

    se donnent à nous.

     

    *

     

    Navire qui chavire

    l’instant réclame

    de se renverser

    sous la poussée des vagues

    de la beauté.

     

    *

     

    Naufrage

    saisi

    de tout notre corps

    devient force

    de fond sous-marin

    lumineux.

     

    *

     

    Même l’eau,

    lorsque transparente

    elle resplendit,

    a un penchant

    pour quelques gouttes troubles

    qui subsistent.

     

    *

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  • Instant insistant

    rebelle et amoureux

    qui réclame la passion,

    mort

    maternelle de l’éternité.

     

    *

     

    Instant de clarté

    ferme

    qui attend

    que nous le voulions.

     

    Instant de patience

    frêle

    qui désire

    que nous le scellions.

     

    Instant de mémoire

    vif

    qui suggère

    que nous lui parlions.

     

    *

     

    Instant des origines,

    que je relève,

    et qui me prend

    dans son envol.

     

    *

     

    Ôter l’épaisseur.

    Ouvrir les nuages

    à la parole,

    lui donner l’espace.

    Que son instant

    règne

    comme un éclair.

     

    *

     

    Instant

    étreinte d’un peuple

    baiser de chaque visage

    abîmé

    et comblé

    dans son heure.

     

    *

     

    Voici l’heure

    du commencement,

    qui affirme : non

    et irrigue la plaine

    tel un fleuve

    détourné

    qui se précipite,

    en cascades d’or, d’argent, de myrrhe,

    sur le temps.

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