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Par Jean-Paul Teyssier le 3 Octobre 2017 à 12:13
Je ne crois pas à cet air frais.
L’homme et la femme veulent
m’aspirer dans leur illusion
m’enfermer dans leur structure.
Je ne me laisserai pas faire.
Regardez-les :
Pourquoi l’homme n’affirme-t-il pas
son autorité ?
Pourquoi la femme ne confirme-t-elle pas
son obéissance ?
Ils disent
s’écouter se connaître se comprendre.
Quel mensonge !
Comme tous, ils ne recherchent que
leur intérêt personnel !
Ils prétendent
être égaux
ne pas avoir besoin l’un de l’autre
tout se donner l’un à l’autre.
Ils ne veulent pas faire un pas
sans que ce ne soit un cadeau
pour l’autre !
Quelle utopie !
On le sait,
qu’ils veulent reconstruire le monde
mais ils ne le proclament même pas !
Plutôt que par des paroles
ils s’expriment par des gestes.
C’est incompréhensible.
La femme, souvent, garde le silence.
On me dit qu’ainsi elle reçoit en elle
tout ce que l’homme veut lui donner.
J’éclate de rire !
Mais non ! C’est que lui, il ne veut pas
qu’elle parle !
Comment ? Que dites-vous ?
Que le silence de la femme
permet à l’homme de se comprendre ?
Eh oui ! Il est tout centré sur lui-même !
Comment ? Que dites-vous ?
Que la parole de l’homme
permet à la femme de se comprendre ?
Allons ! Vous n’êtes qu’un émetteur de niaiseries !
Ne perdez pas votre temps,
regardez les choses
telles qu’elles sont.
Comment ? Que dites-vous ?
Qu’ils naissent l’un de l’autre ?
Et puis quoi encore ?
Ah ! Mais ! Vous n’arrêtez pas !
Et vous prétendez que cette
« naissance réciproque »
a « un visage » ?
Qui n’est ni celui de l’homme ni celui de la femme ?
Mais vous délirez !
Seriez-vous un auteur de science-fiction ?
Ah oui ! La réalité dépasse… me direz-vous !
Eh bien, permettez-moi de m’en aller.
Je repasserai plus tard.
Lorsque vous aurez cuvé votre vin.
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Par Jean-Paul Teyssier le 7 Septembre 2017 à 19:04
Est-ce possible ?
L’homme et la femme,
je ne les vois plus ensemble.
Ils se sont quittés !
Enfin !
Comme je leur en avais donné l’ordre.
Les voilà devenus raisonnables.
Mais que se passe-t-il ?
Je l’aperçois, lui, et je le vois plus heureux que jamais !
Je l’entrevois, elle, et je la vois plus décidée que jamais !
Pire encore :
ils ne sont pas ensemble
mais se croisent souvent,
et en cet instant, aussi fugitif qu’il soit,
ils se font signe,
c’est presqu’imperceptible,
et ils s’éloignent à nouveau l’un de l’autre
mais j’ai une impression affreuse :
plus que jamais,
malgré les apparences,
ils sont ensemble !
Où sont donc passés mes ordres catégoriques ?
Quel est ce paradoxe ?
Plus ils se distinguent
plus ils sont proches.
L’habitude de la tristesse,
ils ne la connaissent pas.
L’ennui du malheur,
ils l’ignorent.
Qu’ils se regardent
ou qu’ils ne se regardent pas
les codes de la société en sont brouillés,
par leur seule existence.
C’est impensable !
Ils ont choisi le bonheur,
l’irrésistible avancée de la joie.
Le monde en noir et blanc
en est troublé, déconcerté, bouleversé.
Le comportement de la femme et de l’homme
est honteux, indigne, déplorable,
inacceptable, inadmissible, irrecevable.
Dans ma tête la colère gronde.
Peu à peu, je le vois bien,
tout les écarte l’un de l’autre.
Mais je les considère attentivement :
ils ne disent mot,
pourtant, les moindres formes que prennent leurs corps,
dans la plus faible des nuances
comme dans l’expression la plus nette,
manifestent
une incontestable conviction :
Ce qui les sépare
les unit.
En eux, autour d’eux, apparaît un univers
pareil à un soleil nouveau.
En lui
l’absence est présence,
l’obstacle est tremplin,
l’échec est victoire avant même d’être échec.
Jamais je n’ai vu deux personnes se connaissant à ce point.
Ma solitude en est ravagée.
Je disparais.
Comme si une bouffée d’air frais
m’aspirait…
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Par Jean-Paul Teyssier le 3 Août 2017 à 12:15
Il y a de l’absurde
– et vous ne me contredirez pas –
dans la situation de la femme et de l’homme
lorsque parmi les décombres de la terre
un halo les entoure.
Tout le monde s’attend
– et moi le premier –
à ce qu’ils hurlent leur désespoir.
Comme tout un chacun dans ce bas-monde.
Pourtant, ici, ils sont… lumière.
Personne, là où j’habite, ne veut le croire.
On est convaincu qu’entre eux règne l’incompréhension,
ou la domination de l’un, ou de l’une, sur l’autre.
L’univers se réduit à leur querelle,
intime ou publique.
C’est rassurant !
On s’installe dans cette confusion.
Plus elle empire plus on est satisfait.
Jamais rien ne change,
la lune passe, avec tous ses quartiers,
belle excuse !
pour que je ne change pas !
Mais eux ?
Pourquoi ne regardent-ils pas la lune ?
Pourquoi exhalent-ils comme un parfum ?
Pourquoi s’obstinent-ils à… s’écouter ?
Mais qu’ils se quittent ! Allez, plus vite que ça !
Ils ne parlent jamais en même temps,
on dirait qu’ils se comprennent.
Bizarre, ne trouvez-vous pas ?
Lorsque l’un parle, l’autre le regarde.
Bon, c’est vrai, leur humanité,
comme celle de toute créature,
a l’aspect du chaos.
Mais – ne s’agit-il pas d’un prodige ? –
la lueur qu’elle émet produit des parcelles de vie.
Quand ils se regardent, ils regardent au loin.
Pourtant, ce n’est pas qu’ils louchent !
Ils ne s’attardent pas l’un dans l’autre.
Dès qu’ils savourent le plaisir d’être ensemble,
la terre, au lieu de se détruire,
– comme dans le cas de possession mutuelle –
renaît, et les attire.
On cherche leurs points faibles,
ils sont nombreux et évidents.
À mes yeux, et aux leurs également.
Mais ils ne les contemplent pas.
Ils les jettent dans le feu.
Quel geste !
La terre : elle m’effraie,
je crois qu’elle est le mal !
Eux, ils la touchent de leurs mains,
elle est leur œuvre.
Ils la sculptent.
Elle est leur enfant.
Elle les emmène dans un espace
dont les débris sont des fragments de clarté.
Je ne comprends pas.
Il y a chez cette femme, chez cet homme,
– jamais je ne l’aurais imaginé –
un rien qui les… sépare.
Est-ce cela, qui les rend sûrs de l’avenir ?
Alors que j’ai
la timidité de mes convictions,
eux, ils ont l’assurance
– n’est-ce pas absurde ? –
des créatures !
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Par Jean-Paul Teyssier le 19 Juillet 2017 à 12:43
Nombreux
sont les soleils qui se lèvent,
et tous s’établissent
au sein du premier d’entre eux,
celui qui s’éteint
et répand la splendeur.
*
Couleurs étreintes
élevées
dans leur clarté,
remises,
par passion et justice,
à l’obscurité
qui les a engendrées
et les multiplie.
*
Telle une plaine,
qui embrasserait l’univers,
et le servirait
parce qu’elle l’aime.
*
Le poème relève de sa source
et se laisse
violenter
par le courant qui soudain l’y ramène.
*
Se baigner dans la source,
sans réserve,
même dans les recoins
où on n’ose plus l’appeler
source.
*
Une symphonie se compose,
sur un fond de dissonance
que nous avons
préféré.
*
C’est l’instant
de l’océan
et de son intimité.
*
Vagues insoupçonnées
qui se précipitent sur notre flanc
confondent notre trajectoire
et nous entraînent au grand large.
*
Aujourd’hui,
au cœur de l’océan,
l’eau et ses trésors
se donnent à nous.
*
Navire qui chavire
l’instant réclame
de se renverser
sous la poussée des vagues
de la beauté.
*
Naufrage
saisi
de tout notre corps
devient force
de fond sous-marin
lumineux.
*
Même l’eau,
lorsque transparente
elle resplendit,
a un penchant
pour quelques gouttes troubles
qui subsistent.
*
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Par Jean-Paul Teyssier le 15 Juin 2017 à 11:51
Instant insistant
rebelle et amoureux
qui réclame la passion,
mort
maternelle de l’éternité.
*
Instant de clarté
ferme
qui attend
que nous le voulions.
Instant de patience
frêle
qui désire
que nous le scellions.
Instant de mémoire
vif
qui suggère
que nous lui parlions.
*
Instant des origines,
que je relève,
et qui me prend
dans son envol.
*
Ôter l’épaisseur.
Ouvrir les nuages
à la parole,
lui donner l’espace.
Que son instant
règne
comme un éclair.
*
Instant
étreinte d’un peuple
baiser de chaque visage
abîmé
et comblé
dans son heure.
*
Voici l’heure
du commencement,
qui affirme : non
et irrigue la plaine
tel un fleuve
détourné
qui se précipite,
en cascades d’or, d’argent, de myrrhe,
sur le temps.
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