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Nocturne
Nocturne
C’est un chemin, de nuit,
éclairé à intervalles irréguliers
par des lueurs
presque imperceptibles.
Sans elles pourtant
qui donc
continuerait à avancer ?
Il arrive
qu’en approchant de l’une d’elles
on la voie
s’éteindre.
Le cœur du voyageur
se resserre.
Pourquoi ce noir encore plus noir ?
Mais que peut-il
sinon marcher ?
Dans sa tête
une attente persiste :
d’une éclaircie enfin.
Ne pas s’arrêter.
Dans l’obscurité il avance, et se dit :
Mon corps est épuisé
mon esprit excédé,
mais quelle est cette attente qui ne me lâche pas ?
Je suis parti, à cause d’elle,
je poursuis ma route, à cause d’elle,
je ne crois rien, je ne vois rien, n’espère rien,
elle attend
à ma place.
Dans le noir il chemine, et se dit :
Quelle attente
insistante !
Elle est ici, depuis toujours.
Elle m’a précédé, et me précède encore.
On dirait qu’elle est moi,
plus que moi-même,
on dirait qu’elle y croit,
lorsque je ne le veux pas.
Dans la nuit il progresse, et se dit :
Quel est ce noir
consistant ?
Jamais il ne me quitte.
On croirait
un compagnon fidèle.
Au lieu de m’anéantir
il m’attire
toujours davantage en lui,
et en lui je vais.
Le voyageur marche,
comme tenu par la main
d’un côté sa nuit
de l’autre son attente.
L’éclaircie est-elle proche ?
Que lui importe ?
L’attente et la nuit ensemble
lui découvrent un chemin
sur lequel il marche.
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Commentaires
Bonsoir Jean-Paul,
voici que ce soir, j'ai pris un chemin
nouveau, m'attirant bien que sombre,
je croyais être seule,
Mais voici que j'entrevois deux ombres.
Dépassant mon effroi,
progressant pas à pas,
je les vois jouer, danser,
de moi tantôt s'approcher, tantôt s'éloigner,
comme si en ce bal nocturne
Elles souhaitaient m'apprivoiser.
Me laissant alors envelopper
Par la lumière insoupçonnée
de leur évidente amitié,
Je les découvrais sœurs,
non seulement,
mais bien plus : parties de moi,
ombres jusque là cachées,
cherchant pourtant
au fil des années
à occuper un espace
toujours plus grand
en moi.
Il fallut qu'un autre
m'indique ce chemin,
Pour me permettre
De les reconnaitre,
Par elles de me laisser dévisager,
Et l'une comme l'autre
Avec tendresse les nommer :
Mon attente, ma nuit,
Comme vous êtes miennes,
oh vous qui êtes
si universelles !
Agnès-Marie