• L’image est douce

    et me demande

    la force.

    Dans l’abandon

    je la puise.

    Je la monte,

    et je la lui verse.

    Tu le veux :

    retenons cette eau.

     

     

    L’eau,

    la force,

    tu veux

    que je la rassemble

    en abondance

    et qu’elle déborde,

    irrigue le désert,

    soutienne

    la beauté.

     

     

    La force

    perdue dans la beauté

    devient

    certitude de l’image

    perdue

    dans l’éternité.

     

     

    L’image

    infiniment forte

    laisse

    celui qui la regarde

    tomber

    dans la création.

     

     

    Non pas image

    mais présence,

    cadeau

    renouvelé,

    pluie de perles…

     

     

    L’image

    est forte et douce

    telle la création.

    Laisserai-je

    fidèle à l’origine

    le temps

    la recevoir ?

     

     

    Force de l’image,

    qui dans la perte où je m’enfonce

    m’attend à un détour.

    La voici,

    solennelle,

    qui m’ouvre

    immense

    la liberté.

     

     

    Éclair !

    Inévitable

    transparence de l’image,

    que je dépose

    dans le cœur qui la berce.

     

     

    Dans l’ombre du cœur

    se baigne

    se lève

    de l’image

    le reflet.

     

     

    L’image

    l’emporte,

    le reflet

    se perd en elle,

    une lueur

    veille

    sur la ville.

     

     

    L’image

    permanente

    comme un héritage

    de l’origine.

     

     

    Image dépouillée,

    seule,

    échouée,

    tout le long de la journée,

    pleine.

     

     

    L’image

    par douceur et abandon

    forte et sûre

    se trouve surprise

    dans la zone des questions.

     

     

    Image

    déserte

    froide

    à terre

    qui sert

    plus belle.

     

     

    Beauté de l’image

    abstraite

    qui joue

    droite

    au cœur des hommes

    au sein du réel.

     

     

    Image en creux

    en l’instant s’oublie

    comblée de lumière

    légère

    comme la nuit.

     

     

    Image qui s’efface,

    se transforme,

    se nie,

    se confirme,

    autre elle-même

    resplendit.

     

     

    Image liberté

    elle-même

    ou tout autre

    ouverte

    embrasse le monde

    son peuple.

     

     

    Détruite,

    l’image !

    montre

    au comble de l’ombre

    la splendeur.

     

     

    Image étoile,

    son feu embrasse

    infini

    l’univers.

     

     

    Image

    dans la nuit

    éclairée

    et qui éclaire.

    L’humanité

    se laisse couler

    dans la clarté.

     

     

    Image

    en pleine course dans l’immensité

    expose

    par lumière exigeante

    les questions de l’amour.

     

     

    Image question

    se répand à profusion

    dans l’air

    libre

    de la visitation.

     

     

    Image

    merveille de liberté

    traverse

    l’inquiétude

    et resplendit.

     

     

    Image muette

    dont le nom

    pauvre

    déborde de sens.

    Image indifférente

    dont le cœur

    épuisé

    s’abandonne.

    Image éparpillée

    dont le visage

    constant

    luit sur la terre.

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  • La terre,

    dans une immense étreinte du ciel,

    penche son visage

    de joie

    vers l’enfant

    et lui murmure

    merci !

    L’enfant,

    qui n’avait rien d’autre

    que confié à la terre

    une fleur

    s’émerveille.

    Parmi des larmes de lumière

    il se laisse couler

    dans le sein

    de la terre.

     

     

    La terre prend l’enfant,

    l’emmène

    dans l’espace,

    le laisse là,

    seul,

    et par la voix de la nuit

    lui suggère

    de prendre par la main

    chacune des étoiles,

    de les emmener

    sur la scène infinie

    de l’univers

    et d’un geste,

    d’un regard,

    d’un mot,

    rendre leur douceur

    à la clarté.

     

     

    Dans la nuit

    les étoiles sont des larmes

    qui baignent l’enfant

    toujours plus haut.

    Isolé

    parmi les myriades de rochers

    qui blessent l’espace,

    il ne voit pas.

    Une parole qu’il croit douce

    élève un mur.

    Il ne sait le franchir.

    La terre est de l’autre côté,

    et la fleur.

    À quelle infime lueur

    les perçoit-il ?

    D’un pas

    il contourne l’obstacle

    et se livre

    à leur cœur.

     

     

    Nuit lumineuse

    d’un espace où règnent

    les enfants et les fleurs.

    De loin en loin s’éprouve

    la blessure des rochers,

    repères épars

    d’un univers qui déborde.

    Instant

    de la terre

    qui livre au ciel

    et l’enfant et la fleur.

    Demeure étreinte

    ouverte

    au théâtre des étoiles.

    Le corps,

    la parole,

    la lumière

    dansent

    dans la clarté du cœur.

     

     

    Dans le sein de la terre

    il y a une nuit

    que l’enfant saisit

    pour donner le jour

    au ciel.

    Afin d’y parvenir

    il supplie la terre

    de le prendre dans ses bras.

    Au fond de cette étreinte

    la nuit épaissit

    et répand le parfum

    d’une fleur.

    Signe pour l’enfant

    que son aveuglement

    vient de la même contrée.

    Désir inassouvi

    de travailler

    se reposer

    dans la nuit de la terre.

     

     

    La saisie de la nuit

    pour l’enfant

    est, comme l’automne,

    la saison de la naissance.

    Il doit veiller,

    repérer chaque pan de noir,

    le retenir.

    L’étreindre.

    Le transformer.

    L’assoupissement même,

    sitôt conscient,

    est un brin d’obscur à prendre.

    L’angoisse insistante

    non rejetée mais embrassée

    est une étoile nouvelle.

    L’éloignement du poème

    engendre

    forcément

    le chef-d’œuvre nocturne.

     

     

    Chérir la séparation.

    Loin de l’enfant

    s’en va

    l’espace des étoiles,

    parce qu’il lui appartient.

    Dans le calme,

    chercher le départ,

    dans l’harmonie,

    repérer la déchirure.

    Derrière la toile lisse

    l’enfant attrape

    l’envers rugueux.

    Il veut s’y défaire,

    dans les nœuds

    ne connaître que le ciel.

    Anéanti

    il respire

    le parfum de la fleur

    dans les eaux de la terre.

     

     

    Pour construire

    sur les terres de la terre

    l’espace des étoiles

    l’enfant

    a décidé de saisir

    les lignes dures

    de chaque paysage.

    Il veille,

    dans l’inattendue

    lueur de la fleur.

    Il en donne, sans mesure,

    les pétales

    et voit

    la tristesse

    changée en grâce.

    Les paysages se revêtent

    de sens,

    telles de pauvres

    fondations

    qui rapprochent

    les étoiles.

     

     

    Dans sa veille

    l’enfant tend l’oreille :

    il écoute

    la trajectoire des étoiles.

    Leurs formes,

    sensibles,

    exigent

    l’attention.

    Le moindre bruit qu’il émet

    les détourne,

    comme si l’espace

    se détruisait.

    Discret,

    le silence

    appelle

    l’enfant.

    Il est le visage

    inépuisable

    de la terre.

     

     

    Dans l’espace peut-être défait,

    voici l’enfant

    saisi dans sa tête

    par la destruction.

    Serait-ce le succès des étoiles ?

    Il reste

    à embrasser le désastre,

    à recevoir dans le sourire

    la dévastation,

    à reproduire

    les traits de la misère

    sur le visage de la terre.

    Celle-ci

    est la demeure de l’origine,

    la conception de la fleur.

    Elle connaît

    les cimes de désolation

    où règnent

    le soleil et les enfants.

    La décomposition

    en elle rayonne.

     

     

    Si chaos il y a dans l’espace,

    voici l’instant

    pour s’y jeter.

    Si déroute il y a

    dans l’esprit,

    voici le moment

    pour s’y laisser.

    Étoiles bousculées,

    mélangées,

    nuit

    retournée,

    corps

    rigide

    inapte à se tenir,

    échappe,

    et dans la chute

    reçoit

    en un éclair sur la terre

    la promesse

    de la fleur.

     

     

    Demeurer jusqu’au bout dans la chute,

    dans la perte de l’espace,

    là où les étoiles ne brillent plus

    et se lèvent.

    L’univers,

    comme un théâtre sans cesse

    inachevé,

    offre

    son échec.

    À saisir

    chaque fois qu’il se répète.

    Si étouffement il y a,

    sur la terre se respire

    le grand air,

    une solitude qui debout

    ne sait plus donner le jour.

    L’automne n’a pas de sens

    et comble.

    Dans ses feuilles qui tombent,

    une fleur.

     

     

    Si l’automne meurt,

    tout est possible,

    la naissance des fleurs,

    la projection des étoiles,

    le resplendissement de la terre.

    La saison

    s’invente.

    Les poids

    se soulèvent.

    La nuit règne,

    au service du jour.

    Univers

    créé pour être fidèle

    à sa destruction,

    au faîte de son anéantissement

    semblable au soleil.

    Perdue

    et donc royale

    la fleur

    demande l’enfant.

     

     

    La rencontre s’effectue

    au bout de l’espace,

    sur la planète

    inconnue

    où se perd le voyage.

    Renaissance

    du temps.

    Un néant de passage

    confirme

    le paysage.

    Les étoiles

    de loin

    commencent à luire.

    Un théâtre se construit.

    La terre,

    dans une immense étreinte du ciel,

    incline le visage

    et souffle :

    Pars !

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  • La vie

    a choisi la nuit.

    *

    La nuit

    est l’écrin de la vie.

    *

    Dans l’écrin

    s’affine la parole.

    *

    La parole affinée

    entrouvre l’histoire.

    *

    Dans l’histoire,

    la nuit

    obéit à la parole.

    *

    La parole

    souvent revient

    chez la nuit.

    *

    La nuit est légère,

    comme la parole.

    *

    La nuit s’obscurcit,

    s’adoucit.

    *

    Dans la douceur,

    la parole tremble.

    *

    Dans le tremblement,

    la joie demeure.

    *

    Dans la joie

    la fatigue creuse.

    *

    De la fatigue

    se lève

    la liberté.

    *

    La nuit

    prend chair,

    lumineuse.

    *

    La peur délaissée,

    l’horizon

    donne sa brume.

    *

    Le passé s’éteint,

    la poésie

    s’aventure.

    *

    Le soleil

    se retourne vers l’ombre.

    *

    C’est la terre,

    qui est claire.

    *

    Un vide,

    qui a le bonheur de l’être.

    *

    L’être,

    qui a la peur

    de ce vide.

    *

    L’être,

    qui n’en peut plus

    de joie

    de ce plein.

    *

    Le vide

    a laissé venir

    la vie !

    *

    La vie

    emporte le vide

    dans le soleil.

    *

    Veiller,

    sur la terre.

    *

    Le marbre

    dans son agilité

    abrite

    la souffrance.

    *

    La chair

    dans sa fragilité

    sertit une douleur.

    *

    S’estompe la douleur,

    s’ébauche

    l’œuvre.

    *


    Passe le soleil

    par la froideur

    du vent,

    et fait signe

    à l’œuvre.

    *

    L’œuvre

    est sœur de la terre

    et lui donne la vie.

    *

    Désir douloureux de vide

    pour créer

    l’espace de la vie.

    *

    Pas à pas,

    du côté de l’étranger,

    s’approchent

    les couleurs de la vie.

    *

    Un silence

    s’abaisse

    et emmène

    vers la demeure étrangère.

    *

    Apprendre

    le silence.

    *

    L’oubli

    ouvre grandes les portes.

    *

    L’oubli

    connaît

    la mémoire de l’étranger.

    *

    La constance du cœur

    elle aussi

    demande

    l’oubli.

    *

    La souplesse du cœur

    a besoin

    de l’oubli

    et de sa tendresse.

    *

    L’oubli

    soudain

    avec tendresse se rappelle

    le temps du cœur.

    *


    Laisser l’oubli

    envahir le corps.

    *

    Le corps

    s’il est blessé

    laisse entrer

    la mémoire

    de l’oubli.

    *

    Peu à peu

    se rappelle

    l’étranger,

    le plus intime.

    *

    L’étranger

    dans le corps

    lui donne

    par un sourire

    d’être petit.

    *

    Commence

    peut-être

    l’ère

    de l’apprenti petit.

    *

    La compagnie

    est

    le lieu de l’apprenti.

    *

    Le temps

    devenu compagnie

    est

    apprentissage.

    *

    Si le temps

    ne tombe et se brise

    il n’est pas

    compagnie.

    *

    Le lieu s’efface,

    se lève

    la compagnie.

    *

    Le soulèvement

    entraîne

    dans le corps

    de nombreuses pertes.

    *

     Parmi les pertes,

    se soulève

    douloureux,

    libre,

    l’étranger,

    l’intime.

    *

    Terre intime

    que ses habitants

    modèlent.

    *

    La rencontre

    de ses multiples habitants

    sculpte

    l’intimité.

    *

    L’existence

    de la terre :

    ceux qui l’habitent.

    *

    Si la terre

    n’est pas humble,

    elle ne distingue pas

    ceux qui la peuplent.

    *

    La neige qui demeure

    apaise

    dans le feu

    les nations de la terre.

    *

    Quelle nation

    dans la neige

    ne serait comblée de mourir

    pour la couleur

    des autres ?

    *

    Et morte la terre,

    la voici

    constellation !

    *

    L’instant d’une étoile

    dépend

    du temps d’une autre.

    *

    Les peuples de la terre,

    et c’est vrai,

    en sont

    l’intimité.

    *

     Une galaxie

    a besoin douloureusement

    d’un instant

    pour s’ouvrir à ses étoiles.

    *

    Le silence

    est la demeure

    des nations.

    *

    Au silence,

    les nations

    demandent

    de parler.

    *

    Mais le silence

    a besoin

    du temps

    pour devenir

    peuple.

    *

    À celui qui se tait

    revient

    une naissance

    berceau de liens

    tissés

    clairement.

    *

    Le peuple qui oublie

    le silence

    n’est plus que

    seul.

    *

    Humblement

    nous réunir,

    écouter

    l’un de l’autre

    le silence.

    *

    En toi je respire,

    peuple étranger

    qui sans cesse

    renaît chez moi.

    *

    Nations intimes

    au sommet de leur clarté

    dehors, en toi,

    se multiplient.

    *

      Les peuples

    aiment le néant,

    qui élève

    leur demeure.

    *

    La nuit

    porte

    la vie des peuples.

    *

    Lorsque la nuit

    heurte le corps

    l’homme

    sans le vouloir

    cède la place

    à la lumière.

    *

    La nuit du corps

    est lourde

    mais laisse percer

    le sens

    intime

    de sa vie.

    *

    La nuit du corps :

    la vie !

    *

    La nuit

    est obscure

    jusqu’à en émouvoir

    les hommes.

    *

    La nuit

    est belle

    jusqu’à en éclairer

    les hommes.

    *

    Les étoiles

    comme les hommes

    dans la nuit

    ensemble

    demeurent.

    *

    Finesse

    de la nuit :

    choisir

    la lumière !

    *

    Tournés

    vers la lumière !

    Sinon,

    comment

    obscurcir ?

    *

    Captifs

    de la nuit !

    Sinon,

    comment

    resplendir ?

    *

    Laisser s’en aller la lumière

    parmi les peuples.

    *

    L’heure

    de l’habitant

    attend

    la splendeur

    de la nuit.

    *

    Le jour où

    la terre

    sera consciente

    de la lumière

    *

    Être nuit :

    donner aux peuples

    de la terre

    la conscience

    de la lumière…

    *

    La lumière

    occupe

    la terre.

    *

    La lumière

    choisit

    la vie.

    *

    Dans le sein de la lumière,

    recherche de l’ombre

    pour que tous

    se lèvent

    lueur.

    *

      L’ombre

    où je suis entré

    tout à l’heure

    portait

    la lueur de la joie.

    *

    La joie encore,

    et sa lueur,

    quelle que soit l’ombre

    qui vienne !

    *

    Comme ils éclatent de rire,

    les habitants !

    Dans l’envoi

    et le renvoi

    de leurs graines de lumière !

    *

    Dans le corps éprouvé,

    tout au fond,

    une envie,

    de sourire !

    *

    Tout au fond de l’épreuve

    me livrer

    à la liberté de la lumière.

    *

    La vie

    a choisi la nuit.

    La nuit

    a choisi la lumière.

    La lumière

    a choisi le peuple

    pour me donner

    la vie…

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  • La perle qui lui est confiée pour qu’elle fructifie, en un même geste il la lâche et la prend.

    Jamais ne l’a-t-il autant voulue.

    Jamais ne l’a-t-il autant laissée.

    Il la regarde, la polit, la fait briller en plein soleil, la brandit pour éclairer la nuit.

    Il la met, insouciant, dans un coin, s’en va, l’oublie, prend soin au suprême degré de mille autres perles.

    Il la dépose dans le cœur du monde.

    Là où elle demeure hors de sa vue.

    Lui-même, devenu aveugle, étreint ce cœur.

    Il le rencontre dans chaque rubis, dans chaque émeraude, dans chaque diamant.

    Derrière une pierre ou l’autre, il revoit sa perle, juste le temps de lui donner un nouvel éclat. Puis elle disparaît à nouveau.

    Chaque fois, il la découvre différente. Il acquiert la conviction que le cœur, la nuit du monde, la cultive.

    Si la perle pouvait lui parler, elle lui dirait : il en est de même pour toi.

     

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  •  

     

     

    Tendresse de la lumière :

     alternance

     d’actes

     et de pensées.

     Voici le mouvement,

     qui cède la place

     habilement

     aux gestes

     de la paternité.

     

    ***

     

    Veiller !

     Créer le geste

     apte

     aux nuances inattendues

     de la lumière…

     

    ***

     

    Bondir dans la lumière,

     ce pays où la relation

     est reine.

     

    ***

     

    Dans la lumière la liberté

     apprendre et demeurer.

     

    ***

     

    Choisir la facilité,

     antichambre

     de la lumière.

     

    ***

     

    Et la facilité,

     c’est le bond dans la lumière,

     la création

     toujours nouvelle

     de l’intime lien d’abandon.

     

    ***

     

    Et ce lien,

     en attente constante

     de notre retour,

     requiert

     la vigilance

     et notre décision

     sereine

     de sans cesse recommencer

     à le tisser.

     

    ***

     

    C’est un lien qui libère,

     ouvre l’espace,

     le rend vide,

     capable d’une œuvre nouvelle.

     

    ***

     

    Ce lien supplie

     que nous revenions vers lui,

     que nous le touchions,

     comme s’il s’agissait

     de caresser nos origines.

     

    ***

     

    Par ce lien vivant,

     nous flânons dans nos origines :

     le souffle poétique.

     

    ***

     

    Être libres :

     le laisser souffler !

     

    ***

     

    Respirer,

     en liberté,

     en légèreté,

     et, sur la terre,

     qui chante sa croissance,

     recueillir le souffle

     qui nous offre de l’habiter.

     

    ***

     

    Lorsque la sécheresse

     s’insinue

     pour briser notre lien,

     tout de suite laissons-nous

     sertir

     au cœur de son nœud

     pour nous rafraîchir.

     

    ***

     

    Promenade aisée,

     ordinaire,

     dans la liberté de notre lien,

     exceptionnelle

     constante.

     

    ***

     

    Nous voici,

     attentifs

     au murmure de la liberté.

     

    ***

     

    D’où vient

     la paix lumineuse

     qui nous tient ensemble ?

     

    ***

     

    Plus loin que tous les épanouissements

     d’humanité,

     notre enfouissement

     est le sceau

     de notre infinité.

     

    ***

     

    Parmi les bruits de géants

     que répercute l’été,

     revient persistant

     le murmure

     pressant

     de notre fidélité.

     

    ***

     

    Cette demeure,

     quel cadeau !

     Il nous incombe

     seulement

     d’y rester.

     

    ***

     

    Mystère

     de lumière,

     source

     obscure

     resplendissante.

     

    ***

     

    Mystère d’abondance,

     réciprocité,

     vigilance,

     intimité.

     

    ***

     

    Explorer ce mystère,

     en se perdant,

     en se donnant,

     en se voulant.

     

    ***

     

    Voulant,

     choisissant

     la liberté,

     la richesse

     de ne rien posséder.

     

    ***

     

    La fleur, la liberté de l’un,

     qui s’ouvre

     en celle de l’autre,

     sa corolle.

     

    ***

     

    Dans cette corolle,

     splendeur de notre fleur,

     recueillir

     folles clameurs

     et délires

     silencieux.

     

    ***

     

    Silence

     tellement parole

     qui nous crée

     lumière.

     

    ***

     

    Et si cette goutte d’eau

     déposée

     sur un pétale de notre fleur

     portait en elle

     une humble et grandiose

     histoire de l’humanité ?..

     

    ***

     

    Présence totale,

     absolue,

     qui épanche sa liberté

     et simplement la confond

     avec notre pluie de fleurs.

     

     ***

     

    Actes et gestes

     qui légèrement

     dévoilent

     le diamant

     des paroles.

     

    ***

     

    Enchanter la corolle,

     laisser le diamant

     caresser chaque pétale.

     

    ***

     

    Contempler le diamant

     tout à l’heure

     ce fut

     oublier nos fleurs.

     Soudain,

     de toutes les faces de la pierre,

     comme si elles étaient ses filles

     à nouveau elles jaillissent.

     

    ***

     

     Si nous connaissions

     le sourire

     de la pierre…

     

    ***

     

    Continuité

     de la pierre étincelante.

     

    ***

     

    Indifférence

     de la lumière,

     qui connaît

     de la pierre

     l’infinie tendresse.

     

    ***

     

    De la pierre

     laisser le rayonnement

     saisir nos gestes :

     il les oriente

     vers ceux qu’ils engendrent.

     

    ***

     

    Faire,

     parce que

     être.

     Les gestes

     sont notre rencontre.

     

    ***

     

    Notre être

     est la couleur,

     la chaleur,

     la douceur

     de nos gestes.

     

    ***

     

    Notre rencontre

     est

     notre être.

     

    ***

     

    Les gestes,

     notre rencontre,

     consolent

     de l’humanité

     les images détournées.

     

    ***

     

    Les gestes,

     comme une veille,

     pour consoler la nuit.

     

    ***

     

    La nuit de la terre

     est desséchée.

     Notre rencontre

     la reçoit.

     

    ***

     

    Où sommes-nous ?

     Dans la lumière ?

     Peut-être :

     éblouis

     au point de ne pas distinguer

     les formes.

     

    ***

     

    Comment fera-t-elle,

     la tendresse,

     pour succomber à l’oubli

     qui en finesse

     à la lumière

     donne

     sa liberté ?..

     

    ***

     

    L’oubli

     commence

     à rayonner.

     

    ***

     

    L’oubli

     s’établit,

     nous ouvre sa porte,

     simplement

     nous demande

     de le reconnaître

     pour notre demeure.

     

    ***

     

    L’oubli

     est aussi

     un vide

     que peut combler

     notre regard

     vers qui nous est proche.

     

    ***

     

    Creuser ce vide,

     pour que le premier venu

     le remplisse.

     

    ***

     

    Creuser davantage,

     jusqu’au bout,

     pour que le vide

     puisse être comblé

     vraiment.

     

    ***

     

    Ne jamais cesser de creuser

     afin que le vide soit rempli

     continuellement.

     

    ***

     

    Mystère d’une fête :

     la mort changée en lumière,

     et larmes de tendresse.

     

    ***

     

    Mystère de l’humilité :

     croire en l’immensité,

     où la tendresse

     meurt dans la lumière.

     

    ***

     

    Mystère de la maternité,

     à qui la prière la plus folle

     abandonne sa demande

     et

     se donne.

     

    ***

     

    Donner le mystère,

     pour qu’il soit

     de la lumière.

     

    ***

     

    Dans le divertissement des foules

     retrouver

     soudain

     le mystère de maternité.

     

    ***

     

    Les innombrables cadeaux

     du mystère de maternité :

     l’inconnu

     offert à la lumière.

     

    ***

     

    Devant l’inconnu,

     crainte,

     pour que sans cesse s’élargisse

     l’ouverture à la lumière.

     

    ***

     

    Dans la luminosité,

     douceur

     et amertume.

     

    ***

     

    L’amertume

     commence à avancer,

     déjà plénitude.

     

    ***

     

    De l’amertume,

     versée dans la rencontre,

     découlent

     les formes non recherchées

     de la lumière.

     

    ***

     

    Dans la lumière,

     dans l’inattendu,

     dans la sérénité,

     apparaissent les formes

     que dessinent nos gestes.

     

    ***

     

    Ne pas ressasser

     l’histoire de la lumière :

     la laisser

     se dérouler.

     

    ***

     

    Trouver la vitesse de croisière,

     qui garantit

     l’avancée de la lumière.

     

    ***

     

    Chaque jour

     accomplir les gestes :

     mystère de paternité.

     

    ***

     

    Chaque jour

     choyer

     les gestes ratés :

     mystère de filiation.

     

    ***

     

    Le courage

     de commencer le geste,

     puis

     le laisser se poursuivre.

     

    ***

     

    Grand geste inachevé :

     objectif

     de la lumière.

     

    ***

     

    Suivre,

     si besoin chercher,

     les mouvements

     de l’inachevé.

     

    ***

     

    Inachevé :

     repos lumineux.

     

    ***

     

     Inachevé :

     tendresse incluse.

     

    ***

     

    Inachevé :

     plénitude.

     

    ***

     

    Le monde :

     infini dans l’inachevé.

     

    ***

     

    Inachevé :

     la création aujourd’hui

     à nouveau commencée.

     

    ***

     

    Inachevé :

     porte de l’immensité,

     jardin de la tendresse.

     

    ***

     

    Comment un jardin

     peut-il donner

     sur l’univers ?

     

    ***

     

    Ouvrons

     la porte cachée du jardin,

     par elle

    sortons

     dans l’envers de la lumière.

     

    ***

     

    Ne rejeter

     aucune parcelle

     de l’envers de la lumière.

     

    ***

     

    Décision

     d’explorer désormais

     l’envers de la lumière.

     

    ***

     

    Dans l’envers,

     il y a les déchirures,

     et il y a la lumière,

     parce qu’elle émane

     des déchirures.

     

    ***

     

    Veiller sur la lumière,

     que les déchirures soient

     transparence.

     

    ***

     

    Rendre les déchirures

     transparentes.

     

    ***

     

    Les rendre

     à la maternité de la lumière.

     

    ***

     

    Épouser la lumière

     jusqu’à son obscurcissement.

     

    ***

     

    Dans l’obscurcissement

     tenir le regard

     sur l’obscurci.

     

    ***

     

    L’obscurcissement,

     cadeau amoureux

     de l’obscurci.

     

    ***

     

    L’emporte

     l’amour de l’obscurci :

     nous saisit

     une tendresse lumineuse.

     

    ***

     

    Restons aujourd’hui

     dans ce bal

     d’où émane une douceur

     qui multiplie

     les danseurs.

     

    ***

     

    Douceur,

     de la race de l’obscurci.

     

    ***

     

    Ouvrir le silence,

     créer l’espace

     de la douceur.

     

    ***

     

    S’obscurcir,

     et tenir le regard

     sur la transparence.

     

    ***

     

    Rester fidèle à la tendresse,

     celle que l’on ne voit pas.

     

    ***

     

    Douceur

     n’habite pas ici :

     elle est

     de passage.

     

    ***

     

    Se tenir

     ici,

     et quand la douceur passe,

     avec elle

     esquisser un pas.

     

    ***

     

    Petite est la douceur,

     comme insignifiante,

     invisible…

     

    ***

     

    La douceur,

     qui meurt

     forte comme la lumière,

     nous la donnons.

     

    ***

     

    L’invisible :

     de la race de la lumière.

     

    ***

     

    La douceur :

     nous la donnons

     à l’obscurci.

     Il la désire.

     

    ***

     

    L’obscurci nous rend

     ses ténèbres :

     elles sont

     notre heure.

     

    ***

     

    Laisser les ténèbres nous pénétrer,

     l’obscurci en leur sein.

     

    ***

     

    C’est dans notre rencontre

     constante

     que nous donne ses ténèbres

     l’obscurci.

     

    ***

     

    Étreindre les ténèbres

     embellir notre rencontre.

     

    ***

     

    L’embellissement de notre rencontre :

     donnons-le !

     

    ***

     

    La parure de notre rencontre,

     image de son être :

     offrons-la.

     

    ***

     

    Le silence de notre rencontre,

     qu’il se prodigue !

     

    ***

     

    Plus douce que le silence,

     plus étincelante que la parure,

     plus amoureuse que les ténèbres :

     notre rencontre se livre.

     

    ***

     

    Plus généreuse encore,

     notre rencontre qui s’ouvre :

     et les autres ténèbres

     entrent chez nous.

     

    ***

     

    Fidèle à la rencontre,

     s’occuper parce qu’elle le veut

     des autres ténèbres.

     

    ***

     

    Perdre la rencontre,

     et en d’autres nuits

     l’aimer à mon insu.

     

    ***

     

    Et si la rencontre

     n’existait pas,

     comme elle serait

     resplendissante !

     

    ***

     

    Inexistence réelle

     aujourd’hui :

     visage de lumière je te veux.

     

    ***

     

    Fruits innombrables de l’inexistence,

     tout de suite !

     Je veux rester

     dans le vide.

     

    ***

     

    Vide tendresse

     nuit lumière.

     

    ***

     

    Silence inexistence

     mouvance

     plus que tendresse.

     

    ***

     

    De l’inexistence

     savourer les fruits,

     infinie gratitude.

     

    ***

     

    Attente

     patience dans le vide

     donner, donner.

     

    ***

     

    Confirmer l’attente :

     généreuse

     pour le vide

     généreux.

     

     ***

     

    Du vide généreux,

     la forte

     tendresse.

     

    ***

     

    Vraie tendresse de la nuit,

     je t’offre

     la lumière comblée.

     

    ***

     

    Car la lumière est manque

     tant qu’elle ne chérit pas

     la nuit.

     

    ***

     

    Dans l’étendue de lumière,

     le point

     de nuit.

     

    ***

     

    Un point

     qui n’est que noir

     et qui illumine

     infini.

     

    ***

     

    Rester sur le point,

     être noir…

     et peut-être ?

     

    ***

     

    Mais le noir est en face :

     s’y jeter !

     

    ***

     

     Et d’une tendresse de nuit,

     combien de cadeaux !

     

    ***

     

    Les cadeaux, oh, bien sûr !

     Pour notre nuit !

     

    ***

     

    Être seulement cadeaux,

     pour chaque autre nuit.

     

    ***

     

    Chaque autre nuit :

     s’établir en elle.

     

    ***

     

    Et si chaque autre nuit,

     au lieu de me répugner,

     me séduisait ?                

     

    ***

     

    Comme si le soleil

     était du côté des nuits…

     Demeurer en elles.

     

    ***

     

    À chacune des nuits,

     donner un silence.

     

    ***

     

    Donner, donner un silence

     pour que vive

     chacune des nuits !

     

    ***

     

    Les nuits,

     les inviter à s’unir.

     

    ***

     

    Les nuits,

     nos perles.

     

    ***

     

    Dans chaque autre nuit,

     s’établir.

     

    ***

     

    Et si nous sommes dans l’une de ces nuits,

     en elle

     vivre, créer,

     la faire

     lumière !

     

    ***

     

    N’importe laquelle de ces nuits :

     lieu de notre création.

     

    ***

     

    Couler dans l’autre nuit,

     la plus proche,

     la laisser créer

     notre création.

     

    ***

     

    Et vient notre création,

     faiblesse lumière dans le sillage des nuits.

     

    ***

     

    Puiser des nuits

     la tendresse,

     à notre création donner

     la fragilité.

     

    ***

     

    Puiser notre création

     dans les nuits qui nous font face.

     

    ***

     

    Toujours plus au fond des nuits,

     là où réside

     et souffre

     l’âme des nuits,

     chercher

     la source de création.

     

    ***

     

    Ou plutôt,

     rester

     à la source de création.

     

    ***

     

    Se plonger dans la source

     où se repose

     l’âme des nuits.

     

    ***

     

    Même dans l’eau agitée,

     demeure

     l’âme des nuits.

     

    ***

     

    Chez l’âme des nuits,

     brille la tendresse

     autant que la nuit.

     

    ***

     

    Et si l’eau agitée

     était

     l’âme des nuits ?

     

    ***

     

    Et que les autres nuits,

     issue lumineuse,

     soient toute ma nuit !

     

    ***

     

    Puiser dans les nuits

     la lumière

     de la tendresse.

     

    ***

     

    Les autres nuits

     sont la lumière de ma nuit.

     

    ***

     

    L’âme solitaire des nuits

     par son étreinte

     me place

     dans le corps de toutes les nuits.

     

    ***

     

    Les nuits pour être corps

     veulent

     que je donne la parole.

     

    ***

     

    Mystère

     d’un silence qui ouvre

     le corps des nuits.

     

    ***

     

    Veiller

     sur la vie

     du corps des nuits.

     

    ***

     

    Le corps

     échappe :

     toujours partir

     à sa recherche.

     

    ***

     

    Rejoindre le corps,

     et de nuit comme de jour

     demeurer en lui.

     

    ***

     

    Laisser le corps

     éclairer mon mystère.

     

    ***

     

    Donner au corps

     de suite

     toute extension du mystère.

     

    ***

     

    Le mystère

     est de la nuit

     la lumière.

     

    ***

     

    Le mystère

     donne sa vie au corps.

     

    ***

     

    Donné,

     le mystère

     est lueur

     et douceur.

     

    ***

     

    Ayant donné le mystère,

     il me reste

     les misères des nuits

     que j’aime.

     

    ***

     

    Quelle tendresse,

     celle du mystère !

     Elle vient d’autre part,

     mais comment le nier :

     en nous

     est sa naissance.

     

    ***

     

    Dans le mystère qui nous embrasse,

     pour les nuits qui nous entourent,

     jusqu’au bout

     puiser

     sa tendresse.

     

    ***

     

    Vivre avec le mystère,

     entièrement,

     en l’oubliant,

     absolument.

     

    ***

     

    Un souffle

     enveloppe le corps.

     

    ***

     

    L’on se livre au souffle.

     

    ***

     

    Est-ce le souffle,

     cette présence

     si douce,

     si forte,

     si claire ?

     

    ***

     

    Est-ce le mystère,

     cette présence

     si douce,

     si forte,

     si claire ?

     

    ***

     

    Quel lien,

     du souffle au mystère ?

     

    ***

     

    Plongée dans l’abîme,

     réception grande ouverte

     du souffle

     et présence donnée

     du mystère.

     

    ***

     

    Comme le mystère sait se donner !

     Persiste

     le souffle…

     

    ***

     

    L’abîme :

     d’où se lève le souffle.

     

    ***

     

    Vie ordinaire

     du souffle.

     

    ***

     

    Mystère si proche,

     si tendre, si fort,

     mystère

     heureusement lointain,

     alors infini

     comme le souffle.

     

    ***

     

    Me tenir devant le mystère,

     comme la tendresse

     se tient dans le souffle.

     

    ***

     

    Chercher le mystère,

     afin que par le souffle

     la nuit respire…

     

    ***

     

    Le mystère

     la tendresse

     dans la foule

     dans la ville

     me regarde.

     

    ***

     

     Recevoir

     le silence de tendresse,

     loin du mystère

     me laisser aspirer

     par le souffle.

     

    ***

     

    Partir,

     le plus loin possible du mystère,

     entraîné par le souffle

     dans les espaces infinis

     de l’instant

     qui se tient

     ici.

     

    ***

     

    Ici,

     au sein du souffle,

     vient le mystère.

     

    ***

     

    Comme si le mystère n’était pas,

     voici

     à l’infini

     le souffle…

     

    ***

     

    Le souffle m’emporte

     légèreté

     vers le combat de la terre.

     

    ***

     

    Le combat de la terre :

     l’assemblée,

     projetée par le souffle,

     des amants du mystère.

     

    ***

     

    Mais le mystère,

     par le souffle,

     a-t-on jamais vu

     plus intense amoureux

     de ses amants ?

     

    ***

     

    Le mystère

     veut notre intimité.

     

    ***

     

    Notre intimité

     par le souffle

     étreint l’humanité.

     

    ***

     

    Vide ?

     Ou plénitude ?

     Étreinte du souffle ?

     

    ***

     

    Tendresse

     humanité.

     

     

     

     

     

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