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Par Jean-Paul Teyssier le 6 Septembre 2015 à 16:06
L’image est douce
et me demande
la force.
Dans l’abandon
je la puise.
Je la monte,
et je la lui verse.
Tu le veux :
retenons cette eau.
L’eau,
la force,
tu veux
que je la rassemble
en abondance
et qu’elle déborde,
irrigue le désert,
soutienne
la beauté.
La force
perdue dans la beauté
devient
certitude de l’image
perdue
dans l’éternité.
L’image
infiniment forte
laisse
celui qui la regarde
tomber
dans la création.
Non pas image
mais présence,
cadeau
renouvelé,
pluie de perles…
L’image
est forte et douce
telle la création.
Laisserai-je
fidèle à l’origine
le temps
la recevoir ?
Force de l’image,
qui dans la perte où je m’enfonce
m’attend à un détour.
La voici,
solennelle,
qui m’ouvre
immense
la liberté.
Éclair !
Inévitable
transparence de l’image,
que je dépose
dans le cœur qui la berce.
Dans l’ombre du cœur
se baigne
se lève
de l’image
le reflet.
L’image
l’emporte,
le reflet
se perd en elle,
une lueur
veille
sur la ville.
L’image
permanente
comme un héritage
de l’origine.
Image dépouillée,
seule,
échouée,
tout le long de la journée,
pleine.
L’image
par douceur et abandon
forte et sûre
se trouve surprise
dans la zone des questions.
Image
déserte
froide
à terre
qui sert
plus belle.
Beauté de l’image
abstraite
qui joue
droite
au cœur des hommes
au sein du réel.
Image en creux
en l’instant s’oublie
comblée de lumière
légère
comme la nuit.
Image qui s’efface,
se transforme,
se nie,
se confirme,
autre elle-même
resplendit.
Image liberté
elle-même
ou tout autre
ouverte
embrasse le monde
son peuple.
Détruite,
l’image !
montre
au comble de l’ombre
la splendeur.
Image étoile,
son feu embrasse
infini
l’univers.
Image
dans la nuit
éclairée
et qui éclaire.
L’humanité
se laisse couler
dans la clarté.
Image
en pleine course dans l’immensité
expose
par lumière exigeante
les questions de l’amour.
Image question
se répand à profusion
dans l’air
libre
de la visitation.
Image
merveille de liberté
traverse
l’inquiétude
et resplendit.
Image muette
dont le nom
pauvre
déborde de sens.
Image indifférente
dont le cœur
épuisé
s’abandonne.
Image éparpillée
dont le visage
constant
luit sur la terre.
votre commentaire -
Par Jean-Paul Teyssier le 16 Juillet 2015 à 16:12
La terre,
dans une immense étreinte du ciel,
penche son visage
de joie
vers l’enfant
et lui murmure
merci !
L’enfant,
qui n’avait rien d’autre
que confié à la terre
une fleur
s’émerveille.
Parmi des larmes de lumière
il se laisse couler
dans le sein
de la terre.
La terre prend l’enfant,
l’emmène
dans l’espace,
le laisse là,
seul,
et par la voix de la nuit
lui suggère
de prendre par la main
chacune des étoiles,
de les emmener
sur la scène infinie
de l’univers
et d’un geste,
d’un regard,
d’un mot,
rendre leur douceur
à la clarté.
Dans la nuit
les étoiles sont des larmes
qui baignent l’enfant
toujours plus haut.
Isolé
parmi les myriades de rochers
qui blessent l’espace,
il ne voit pas.
Une parole qu’il croit douce
élève un mur.
Il ne sait le franchir.
La terre est de l’autre côté,
et la fleur.
À quelle infime lueur
les perçoit-il ?
D’un pas
il contourne l’obstacle
et se livre
à leur cœur.
Nuit lumineuse
d’un espace où règnent
les enfants et les fleurs.
De loin en loin s’éprouve
la blessure des rochers,
repères épars
d’un univers qui déborde.
Instant
de la terre
qui livre au ciel
et l’enfant et la fleur.
Demeure étreinte
ouverte
au théâtre des étoiles.
Le corps,
la parole,
la lumière
dansent
dans la clarté du cœur.
Dans le sein de la terre
il y a une nuit
que l’enfant saisit
pour donner le jour
au ciel.
Afin d’y parvenir
il supplie la terre
de le prendre dans ses bras.
Au fond de cette étreinte
la nuit épaissit
et répand le parfum
d’une fleur.
Signe pour l’enfant
que son aveuglement
vient de la même contrée.
Désir inassouvi
de travailler
se reposer
dans la nuit de la terre.
La saisie de la nuit
pour l’enfant
est, comme l’automne,
la saison de la naissance.
Il doit veiller,
repérer chaque pan de noir,
le retenir.
L’étreindre.
Le transformer.
L’assoupissement même,
sitôt conscient,
est un brin d’obscur à prendre.
L’angoisse insistante
non rejetée mais embrassée
est une étoile nouvelle.
L’éloignement du poème
engendre
forcément
le chef-d’œuvre nocturne.
Chérir la séparation.
Loin de l’enfant
s’en va
l’espace des étoiles,
parce qu’il lui appartient.
Dans le calme,
chercher le départ,
dans l’harmonie,
repérer la déchirure.
Derrière la toile lisse
l’enfant attrape
l’envers rugueux.
Il veut s’y défaire,
dans les nœuds
ne connaître que le ciel.
Anéanti
il respire
le parfum de la fleur
dans les eaux de la terre.
Pour construire
sur les terres de la terre
l’espace des étoiles
l’enfant
a décidé de saisir
les lignes dures
de chaque paysage.
Il veille,
dans l’inattendue
lueur de la fleur.
Il en donne, sans mesure,
les pétales
et voit
la tristesse
changée en grâce.
Les paysages se revêtent
de sens,
telles de pauvres
fondations
qui rapprochent
les étoiles.
Dans sa veille
l’enfant tend l’oreille :
il écoute
la trajectoire des étoiles.
Leurs formes,
sensibles,
exigent
l’attention.
Le moindre bruit qu’il émet
les détourne,
comme si l’espace
se détruisait.
Discret,
le silence
appelle
l’enfant.
Il est le visage
inépuisable
de la terre.
Dans l’espace peut-être défait,
voici l’enfant
saisi dans sa tête
par la destruction.
Serait-ce le succès des étoiles ?
Il reste
à embrasser le désastre,
à recevoir dans le sourire
la dévastation,
à reproduire
les traits de la misère
sur le visage de la terre.
Celle-ci
est la demeure de l’origine,
la conception de la fleur.
Elle connaît
les cimes de désolation
où règnent
le soleil et les enfants.
La décomposition
en elle rayonne.
Si chaos il y a dans l’espace,
voici l’instant
pour s’y jeter.
Si déroute il y a
dans l’esprit,
voici le moment
pour s’y laisser.
Étoiles bousculées,
mélangées,
nuit
retournée,
corps
rigide
inapte à se tenir,
échappe,
et dans la chute
reçoit
en un éclair sur la terre
la promesse
de la fleur.
Demeurer jusqu’au bout dans la chute,
dans la perte de l’espace,
là où les étoiles ne brillent plus
et se lèvent.
L’univers,
comme un théâtre sans cesse
inachevé,
offre
son échec.
À saisir
chaque fois qu’il se répète.
Si étouffement il y a,
sur la terre se respire
le grand air,
une solitude qui debout
ne sait plus donner le jour.
L’automne n’a pas de sens
et comble.
Dans ses feuilles qui tombent,
une fleur.
Si l’automne meurt,
tout est possible,
la naissance des fleurs,
la projection des étoiles,
le resplendissement de la terre.
La saison
s’invente.
Les poids
se soulèvent.
La nuit règne,
au service du jour.
Univers
créé pour être fidèle
à sa destruction,
au faîte de son anéantissement
semblable au soleil.
Perdue
et donc royale
la fleur
demande l’enfant.
La rencontre s’effectue
au bout de l’espace,
sur la planète
inconnue
où se perd le voyage.
Renaissance
du temps.
Un néant de passage
confirme
le paysage.
Les étoiles
de loin
commencent à luire.
Un théâtre se construit.
La terre,
dans une immense étreinte du ciel,
incline le visage
et souffle :
Pars !
2 commentaires -
Par Jean-Paul Teyssier le 18 Juin 2015 à 10:38
La vie
a choisi la nuit.
*
La nuit
est l’écrin de la vie.
*
Dans l’écrin
s’affine la parole.
*
La parole affinée
entrouvre l’histoire.
*
Dans l’histoire,
la nuit
obéit à la parole.
*
La parole
souvent revient
chez la nuit.
*
La nuit est légère,
comme la parole.
*
La nuit s’obscurcit,
s’adoucit.
*
Dans la douceur,
la parole tremble.
*
Dans le tremblement,
la joie demeure.
*
Dans la joie
la fatigue creuse.
*
De la fatigue
se lève
la liberté.
*
La nuit
prend chair,
lumineuse.
*
La peur délaissée,
l’horizon
donne sa brume.
*
Le passé s’éteint,
la poésie
s’aventure.
*
Le soleil
se retourne vers l’ombre.
*
C’est la terre,
qui est claire.
*
Un vide,
qui a le bonheur de l’être.
*
L’être,
qui a la peur
de ce vide.
*
L’être,
qui n’en peut plus
de joie
de ce plein.
*
Le vide
a laissé venir
la vie !
*
La vie
emporte le vide
dans le soleil.
*
Veiller,
sur la terre.
*
Le marbre
dans son agilité
abrite
la souffrance.
*
La chair
dans sa fragilité
sertit une douleur.
*
S’estompe la douleur,
s’ébauche
l’œuvre.
*
Passe le soleil
par la froideur
du vent,
et fait signe
à l’œuvre.
*
L’œuvre
est sœur de la terre
et lui donne la vie.
*
Désir douloureux de vide
pour créer
l’espace de la vie.
*
Pas à pas,
du côté de l’étranger,
s’approchent
les couleurs de la vie.
*
Un silence
s’abaisse
et emmène
vers la demeure étrangère.
*
Apprendre
le silence.
*
L’oubli
ouvre grandes les portes.
*
L’oubli
connaît
la mémoire de l’étranger.
*
La constance du cœur
elle aussi
demande
l’oubli.
*
La souplesse du cœur
a besoin
de l’oubli
et de sa tendresse.
*
L’oubli
soudain
avec tendresse se rappelle
le temps du cœur.
*
Laisser l’oubli
envahir le corps.
*
Le corps
s’il est blessé
laisse entrer
la mémoire
de l’oubli.
*
Peu à peu
se rappelle
l’étranger,
le plus intime.
*
L’étranger
dans le corps
lui donne
par un sourire
d’être petit.
*
Commence
peut-être
l’ère
de l’apprenti petit.
*
La compagnie
est
le lieu de l’apprenti.
*
Le temps
devenu compagnie
est
apprentissage.
*
Si le temps
ne tombe et se brise
il n’est pas
compagnie.
*
Le lieu s’efface,
se lève
la compagnie.
*
Le soulèvement
entraîne
dans le corps
de nombreuses pertes.
*
Parmi les pertes,
se soulève
douloureux,
libre,
l’étranger,
l’intime.
*
Terre intime
que ses habitants
modèlent.
*
La rencontre
de ses multiples habitants
sculpte
l’intimité.
*
L’existence
de la terre :
ceux qui l’habitent.
*
Si la terre
n’est pas humble,
elle ne distingue pas
ceux qui la peuplent.
*
La neige qui demeure
apaise
dans le feu
les nations de la terre.
*
Quelle nation
dans la neige
ne serait comblée de mourir
pour la couleur
des autres ?
*
Et morte la terre,
la voici
constellation !
*
L’instant d’une étoile
dépend
du temps d’une autre.
*
Les peuples de la terre,
et c’est vrai,
en sont
l’intimité.
*
Une galaxie
a besoin douloureusement
d’un instant
pour s’ouvrir à ses étoiles.
*
Le silence
est la demeure
des nations.
*
Au silence,
les nations
demandent
de parler.
*
Mais le silence
a besoin
du temps
pour devenir
peuple.
*
À celui qui se tait
revient
une naissance
berceau de liens
tissés
clairement.
*
Le peuple qui oublie
le silence
n’est plus que
seul.
*
Humblement
nous réunir,
écouter
l’un de l’autre
le silence.
*
En toi je respire,
peuple étranger
qui sans cesse
renaît chez moi.
*
Nations intimes
au sommet de leur clarté
dehors, en toi,
se multiplient.
*
Les peuples
aiment le néant,
qui élève
leur demeure.
*
La nuit
porte
la vie des peuples.
*
Lorsque la nuit
heurte le corps
l’homme
sans le vouloir
cède la place
à la lumière.
*
La nuit du corps
est lourde
mais laisse percer
le sens
intime
de sa vie.
*
La nuit du corps :
la vie !
*
La nuit
est obscure
jusqu’à en émouvoir
les hommes.
*
La nuit
est belle
jusqu’à en éclairer
les hommes.
*
Les étoiles
comme les hommes
dans la nuit
ensemble
demeurent.
*
Finesse
de la nuit :
choisir
la lumière !
*
Tournés
vers la lumière !
Sinon,
comment
obscurcir ?
*
Captifs
de la nuit !
Sinon,
comment
resplendir ?
*
Laisser s’en aller la lumière
parmi les peuples.
*
L’heure
de l’habitant
attend
la splendeur
de la nuit.
*
Le jour où
la terre
sera consciente
de la lumière
…
*
Être nuit :
donner aux peuples
de la terre
la conscience
de la lumière…
*
La lumière
occupe
la terre.
*
La lumière
choisit
la vie.
*
Dans le sein de la lumière,
recherche de l’ombre
pour que tous
se lèvent
lueur.
*
L’ombre
où je suis entré
tout à l’heure
portait
la lueur de la joie.
*
La joie encore,
et sa lueur,
quelle que soit l’ombre
qui vienne !
*
Comme ils éclatent de rire,
les habitants !
Dans l’envoi
et le renvoi
de leurs graines de lumière !
*
Dans le corps éprouvé,
tout au fond,
une envie,
de sourire !
*
Tout au fond de l’épreuve
me livrer
à la liberté de la lumière.
*
La vie
a choisi la nuit.
La nuit
a choisi la lumière.
La lumière
a choisi le peuple
pour me donner
la vie…
1 commentaire -
Par Jean-Paul Teyssier le 19 Avril 2015 à 17:58
La perle qui lui est confiée pour qu’elle fructifie, en un même geste il la lâche et la prend.
Jamais ne l’a-t-il autant voulue.
Jamais ne l’a-t-il autant laissée.
Il la regarde, la polit, la fait briller en plein soleil, la brandit pour éclairer la nuit.
Il la met, insouciant, dans un coin, s’en va, l’oublie, prend soin au suprême degré de mille autres perles.
Il la dépose dans le cœur du monde.
Là où elle demeure hors de sa vue.
Lui-même, devenu aveugle, étreint ce cœur.
Il le rencontre dans chaque rubis, dans chaque émeraude, dans chaque diamant.
Derrière une pierre ou l’autre, il revoit sa perle, juste le temps de lui donner un nouvel éclat. Puis elle disparaît à nouveau.
Chaque fois, il la découvre différente. Il acquiert la conviction que le cœur, la nuit du monde, la cultive.
Si la perle pouvait lui parler, elle lui dirait : il en est de même pour toi.
3 commentaires -
Par Jean-Paul Teyssier le 5 Mars 2015 à 15:16
Tendresse de la lumière :
alternance
d’actes
et de pensées.
Voici le mouvement,
qui cède la place
habilement
aux gestes
de la paternité.
***
Veiller !
Créer le geste
apte
aux nuances inattendues
de la lumière…
***
Bondir dans la lumière,
ce pays où la relation
est reine.
***
Dans la lumière la liberté
apprendre et demeurer.
***
Choisir la facilité,
antichambre
de la lumière.
***
Et la facilité,
c’est le bond dans la lumière,
la création
toujours nouvelle
de l’intime lien d’abandon.
***
Et ce lien,
en attente constante
de notre retour,
requiert
la vigilance
et notre décision
sereine
de sans cesse recommencer
à le tisser.
***
C’est un lien qui libère,
ouvre l’espace,
le rend vide,
capable d’une œuvre nouvelle.
***
Ce lien supplie
que nous revenions vers lui,
que nous le touchions,
comme s’il s’agissait
de caresser nos origines.
***
Par ce lien vivant,
nous flânons dans nos origines :
le souffle poétique.
***
Être libres :
le laisser souffler !
***
Respirer,
en liberté,
en légèreté,
et, sur la terre,
qui chante sa croissance,
recueillir le souffle
qui nous offre de l’habiter.
***
Lorsque la sécheresse
s’insinue
pour briser notre lien,
tout de suite laissons-nous
sertir
au cœur de son nœud
pour nous rafraîchir.
***
Promenade aisée,
ordinaire,
dans la liberté de notre lien,
exceptionnelle
constante.
***
Nous voici,
attentifs
au murmure de la liberté.
***
D’où vient
la paix lumineuse
qui nous tient ensemble ?
***
Plus loin que tous les épanouissements
d’humanité,
notre enfouissement
est le sceau
de notre infinité.
***
Parmi les bruits de géants
que répercute l’été,
revient persistant
le murmure
pressant
de notre fidélité.
***
Cette demeure,
quel cadeau !
Il nous incombe
seulement
d’y rester.
***
Mystère
de lumière,
source
obscure
resplendissante.
***
Mystère d’abondance,
réciprocité,
vigilance,
intimité.
***
Explorer ce mystère,
en se perdant,
en se donnant,
en se voulant.
***
Voulant,
choisissant
la liberté,
la richesse
de ne rien posséder.
***
La fleur, la liberté de l’un,
qui s’ouvre
en celle de l’autre,
sa corolle.
***
Dans cette corolle,
splendeur de notre fleur,
recueillir
folles clameurs
et délires
silencieux.
***
Silence
tellement parole
qui nous crée
lumière.
***
Et si cette goutte d’eau
déposée
sur un pétale de notre fleur
portait en elle
une humble et grandiose
histoire de l’humanité ?..
***
Présence totale,
absolue,
qui épanche sa liberté
et simplement la confond
avec notre pluie de fleurs.
***
Actes et gestes
qui légèrement
dévoilent
le diamant
des paroles.
***
Enchanter la corolle,
laisser le diamant
caresser chaque pétale.
***
Contempler le diamant
tout à l’heure
ce fut
oublier nos fleurs.
Soudain,
de toutes les faces de la pierre,
comme si elles étaient ses filles
à nouveau elles jaillissent.
***
Si nous connaissions
le sourire
de la pierre…
***
Continuité
de la pierre étincelante.
***
Indifférence
de la lumière,
qui connaît
de la pierre
l’infinie tendresse.
***
De la pierre
laisser le rayonnement
saisir nos gestes :
il les oriente
vers ceux qu’ils engendrent.
***
Faire,
parce que
être.
Les gestes
sont notre rencontre.
***
Notre être
est la couleur,
la chaleur,
la douceur
de nos gestes.
***
Notre rencontre
est
notre être.
***
Les gestes,
notre rencontre,
consolent
de l’humanité
les images détournées.
***
Les gestes,
comme une veille,
pour consoler la nuit.
***
La nuit de la terre
est desséchée.
Notre rencontre
la reçoit.
***
Où sommes-nous ?
Dans la lumière ?
Peut-être :
éblouis
au point de ne pas distinguer
les formes.
***
Comment fera-t-elle,
la tendresse,
pour succomber à l’oubli
qui en finesse
à la lumière
donne
sa liberté ?..
***
L’oubli
commence
à rayonner.
***
L’oubli
s’établit,
nous ouvre sa porte,
simplement
nous demande
de le reconnaître
pour notre demeure.
***
L’oubli
est aussi
un vide
que peut combler
notre regard
vers qui nous est proche.
***
Creuser ce vide,
pour que le premier venu
le remplisse.
***
Creuser davantage,
jusqu’au bout,
pour que le vide
puisse être comblé
vraiment.
***
Ne jamais cesser de creuser
afin que le vide soit rempli
continuellement.
***
Mystère d’une fête :
la mort changée en lumière,
et larmes de tendresse.
***
Mystère de l’humilité :
croire en l’immensité,
où la tendresse
meurt dans la lumière.
***
Mystère de la maternité,
à qui la prière la plus folle
abandonne sa demande
et
se donne.
***
Donner le mystère,
pour qu’il soit
de la lumière.
***
Dans le divertissement des foules
retrouver
soudain
le mystère de maternité.
***
Les innombrables cadeaux
du mystère de maternité :
l’inconnu
offert à la lumière.
***
Devant l’inconnu,
crainte,
pour que sans cesse s’élargisse
l’ouverture à la lumière.
***
Dans la luminosité,
douceur
et amertume.
***
L’amertume
commence à avancer,
déjà plénitude.
***
De l’amertume,
versée dans la rencontre,
découlent
les formes non recherchées
de la lumière.
***
Dans la lumière,
dans l’inattendu,
dans la sérénité,
apparaissent les formes
que dessinent nos gestes.
***
Ne pas ressasser
l’histoire de la lumière :
la laisser
se dérouler.
***
Trouver la vitesse de croisière,
qui garantit
l’avancée de la lumière.
***
Chaque jour
accomplir les gestes :
mystère de paternité.
***
Chaque jour
choyer
les gestes ratés :
mystère de filiation.
***
Le courage
de commencer le geste,
puis
le laisser se poursuivre.
***
Grand geste inachevé :
objectif
de la lumière.
***
Suivre,
si besoin chercher,
les mouvements
de l’inachevé.
***
Inachevé :
repos lumineux.
***
Inachevé :
tendresse incluse.
***
Inachevé :
plénitude.
***
Le monde :
infini dans l’inachevé.
***
Inachevé :
la création aujourd’hui
à nouveau commencée.
***
Inachevé :
porte de l’immensité,
jardin de la tendresse.
***
Comment un jardin
peut-il donner
sur l’univers ?
***
Ouvrons
la porte cachée du jardin,
par elle
sortons
dans l’envers de la lumière.
***
Ne rejeter
aucune parcelle
de l’envers de la lumière.
***
Décision
d’explorer désormais
l’envers de la lumière.
***
Dans l’envers,
il y a les déchirures,
et il y a la lumière,
parce qu’elle émane
des déchirures.
***
Veiller sur la lumière,
que les déchirures soient
transparence.
***
Rendre les déchirures
transparentes.
***
Les rendre
à la maternité de la lumière.
***
Épouser la lumière
jusqu’à son obscurcissement.
***
Dans l’obscurcissement
tenir le regard
sur l’obscurci.
***
L’obscurcissement,
cadeau amoureux
de l’obscurci.
***
L’emporte
l’amour de l’obscurci :
nous saisit
une tendresse lumineuse.
***
Restons aujourd’hui
dans ce bal
d’où émane une douceur
qui multiplie
les danseurs.
***
Douceur,
de la race de l’obscurci.
***
Ouvrir le silence,
créer l’espace
de la douceur.
***
S’obscurcir,
et tenir le regard
sur la transparence.
***
Rester fidèle à la tendresse,
celle que l’on ne voit pas.
***
Douceur
n’habite pas ici :
elle est
de passage.
***
Se tenir
ici,
et quand la douceur passe,
avec elle
esquisser un pas.
***
Petite est la douceur,
comme insignifiante,
invisible…
***
La douceur,
qui meurt
forte comme la lumière,
nous la donnons.
***
L’invisible :
de la race de la lumière.
***
La douceur :
nous la donnons
à l’obscurci.
Il la désire.
***
L’obscurci nous rend
ses ténèbres :
elles sont
notre heure.
***
Laisser les ténèbres nous pénétrer,
l’obscurci en leur sein.
***
C’est dans notre rencontre
constante
que nous donne ses ténèbres
l’obscurci.
***
Étreindre les ténèbres
embellir notre rencontre.
***
L’embellissement de notre rencontre :
donnons-le !
***
La parure de notre rencontre,
image de son être :
offrons-la.
***
Le silence de notre rencontre,
qu’il se prodigue !
***
Plus douce que le silence,
plus étincelante que la parure,
plus amoureuse que les ténèbres :
notre rencontre se livre.
***
Plus généreuse encore,
notre rencontre qui s’ouvre :
et les autres ténèbres
entrent chez nous.
***
Fidèle à la rencontre,
s’occuper parce qu’elle le veut
des autres ténèbres.
***
Perdre la rencontre,
et en d’autres nuits
l’aimer à mon insu.
***
Et si la rencontre
n’existait pas,
comme elle serait
resplendissante !
***
Inexistence réelle
aujourd’hui :
visage de lumière je te veux.
***
Fruits innombrables de l’inexistence,
tout de suite !
Je veux rester
dans le vide.
***
Vide tendresse
nuit lumière.
***
Silence inexistence
mouvance
plus que tendresse.
***
De l’inexistence
savourer les fruits,
infinie gratitude.
***
Attente
patience dans le vide
donner, donner.
***
Confirmer l’attente :
généreuse
pour le vide
généreux.
***
Du vide généreux,
la forte
tendresse.
***
Vraie tendresse de la nuit,
je t’offre
la lumière comblée.
***
Car la lumière est manque
tant qu’elle ne chérit pas
la nuit.
***
Dans l’étendue de lumière,
le point
de nuit.
***
Un point
qui n’est que noir
et qui illumine
infini.
***
Rester sur le point,
être noir…
et peut-être ?
***
Mais le noir est en face :
s’y jeter !
***
Et d’une tendresse de nuit,
combien de cadeaux !
***
Les cadeaux, oh, bien sûr !
Pour notre nuit !
***
Être seulement cadeaux,
pour chaque autre nuit.
***
Chaque autre nuit :
s’établir en elle.
***
Et si chaque autre nuit,
au lieu de me répugner,
me séduisait ?
***
Comme si le soleil
était du côté des nuits…
Demeurer en elles.
***
À chacune des nuits,
donner un silence.
***
Donner, donner un silence
pour que vive
chacune des nuits !
***
Les nuits,
les inviter à s’unir.
***
Les nuits,
nos perles.
***
Dans chaque autre nuit,
s’établir.
***
Et si nous sommes dans l’une de ces nuits,
en elle
vivre, créer,
la faire
lumière !
***
N’importe laquelle de ces nuits :
lieu de notre création.
***
Couler dans l’autre nuit,
la plus proche,
la laisser créer
notre création.
***
Et vient notre création,
faiblesse lumière dans le sillage des nuits.
***
Puiser des nuits
la tendresse,
à notre création donner
la fragilité.
***
Puiser notre création
dans les nuits qui nous font face.
***
Toujours plus au fond des nuits,
là où réside
et souffre
l’âme des nuits,
chercher
la source de création.
***
Ou plutôt,
rester
à la source de création.
***
Se plonger dans la source
où se repose
l’âme des nuits.
***
Même dans l’eau agitée,
demeure
l’âme des nuits.
***
Chez l’âme des nuits,
brille la tendresse
autant que la nuit.
***
Et si l’eau agitée
était
l’âme des nuits ?
***
Et que les autres nuits,
issue lumineuse,
soient toute ma nuit !
***
Puiser dans les nuits
la lumière
de la tendresse.
***
Les autres nuits
sont la lumière de ma nuit.
***
L’âme solitaire des nuits
par son étreinte
me place
dans le corps de toutes les nuits.
***
Les nuits pour être corps
veulent
que je donne la parole.
***
Mystère
d’un silence qui ouvre
le corps des nuits.
***
Veiller
sur la vie
du corps des nuits.
***
Le corps
échappe :
toujours partir
à sa recherche.
***
Rejoindre le corps,
et de nuit comme de jour
demeurer en lui.
***
Laisser le corps
éclairer mon mystère.
***
Donner au corps
de suite
toute extension du mystère.
***
Le mystère
est de la nuit
la lumière.
***
Le mystère
donne sa vie au corps.
***
Donné,
le mystère
est lueur
et douceur.
***
Ayant donné le mystère,
il me reste
les misères des nuits
que j’aime.
***
Quelle tendresse,
celle du mystère !
Elle vient d’autre part,
mais comment le nier :
en nous
est sa naissance.
***
Dans le mystère qui nous embrasse,
pour les nuits qui nous entourent,
jusqu’au bout
puiser
sa tendresse.
***
Vivre avec le mystère,
entièrement,
en l’oubliant,
absolument.
***
Un souffle
enveloppe le corps.
***
L’on se livre au souffle.
***
Est-ce le souffle,
cette présence
si douce,
si forte,
si claire ?
***
Est-ce le mystère,
cette présence
si douce,
si forte,
si claire ?
***
Quel lien,
du souffle au mystère ?
***
Plongée dans l’abîme,
réception grande ouverte
du souffle
et présence donnée
du mystère.
***
Comme le mystère sait se donner !
Persiste
le souffle…
***
L’abîme :
d’où se lève le souffle.
***
Vie ordinaire
du souffle.
***
Mystère si proche,
si tendre, si fort,
mystère
heureusement lointain,
alors infini
comme le souffle.
***
Me tenir devant le mystère,
comme la tendresse
se tient dans le souffle.
***
Chercher le mystère,
afin que par le souffle
la nuit respire…
***
Le mystère
la tendresse
dans la foule
dans la ville
me regarde.
***
Recevoir
le silence de tendresse,
loin du mystère
me laisser aspirer
par le souffle.
***
Partir,
le plus loin possible du mystère,
entraîné par le souffle
dans les espaces infinis
de l’instant
qui se tient
ici.
***
Ici,
au sein du souffle,
vient le mystère.
***
Comme si le mystère n’était pas,
voici
à l’infini
le souffle…
***
Le souffle m’emporte
légèreté
vers le combat de la terre.
***
Le combat de la terre :
l’assemblée,
projetée par le souffle,
des amants du mystère.
***
Mais le mystère,
par le souffle,
a-t-on jamais vu
plus intense amoureux
de ses amants ?
***
Le mystère
veut notre intimité.
***
Notre intimité
par le souffle
étreint l’humanité.
***
Vide ?
Ou plénitude ?
Étreinte du souffle ?
***
Tendresse
humanité.
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