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Connais-tu la nuit
dont le jour est le nom ?
Clarté
qui à l’heure des ténèbres
diffuse la lumière,
lueur initiale
en avance sur mon temps,
rencontre
qui nomme notre jour…
Bien sûr !
Je ne suis pas seul
si la nuit
se revêt de soleil.
Immergée dans le jour
elle appelle
en toi comme en moi
le peuple
du jour qui se lève tôt…
Adhérer à l’évidence,
la clarté comme une preuve,
l’épreuve abandonnée sur les bas-côtés,
les choses ténébreuses
simplement emportées
et perdues
dans le sein de la clarté,
qui vient vers toi,
et se déroule...
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Lorsqu’une parole se met en marche
elle quitte son pays
avec force.
Elle se fraie un chemin
calmement
parmi des mots
qui s’organisent comme des obstacles.
Ils ne sont pas de sa nature.
Elle vient d’un souffle
qui se soumet
et sème
la révolte.
Eux, ils s’imposent
et se perdent.
Peu à peu ils sont oubliés
comme un pouvoir qui s’anéantit lui-même.
Aucun écho de leur passage.
Parole paradoxale
elle se tait
et transmet son patrimoine.
Elle avance dans l’inconnu,
elle vit
parce qu’elle parle,
elle donne
parce qu’elle vit.
Dépendante de la vie
elle s’en va au loin
très sûre et très risquée.
Comment aurait-elle quelque chose à dire
si elle n’était pas risquée ?
Comment pourrait-elle être certaine
si elle n’était pas aventureuse ?
Parole hasardeuse
plus fructueuse que la stabilité.
Parole qui entraîne,
jamais ne s’arrête.
Parole qui ne possède rien
sauf
une précieuse pauvreté.
N’évoquent sa richesse
que les pauvres précieux comme elle,
les enfants chers à sa pensée.
Ils la suivent
dans les contrées qu’elle explore,
de très haut ou de très bas,
qui se rencontrent,
dans les pensées
séparées ou unies
qui portent son nom.
Elle est parole qui voyage
et se tient immobile,
souffle qui bouscule
et aère sa maison,
existence
qui, parce qu’elle est mort,
jusque dans la mort
vit !
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Cadeau.
Belle apparence.
Mon regard se repose
et l’ouvre.
Joie, tout simplement.
Autre cadeau.
Emballage déchiré.
Erreur d’expédition.
Mon regard s’inquiète,
n’ose pas ouvrir.
Du cadeau au regard
je fais quelques pas,
m’attire
la déchirure,
qui me ressemble.
Au fond de mon cœur
un tas de choses à brûler,
à saisir,
comme le cadeau
détérioré.
Je préfère
mon semblable
endommagé au-dedans
endommagé au dehors
blessures qui se connaissent.
Au fond de ma pensée
une vérité à chérir :
troubles,
nocturnes,
désillusions.
Dans l’obscurité
de ma pensée
se lève
inachevée
une mélodie.
Les notes, les accords
sont multiples,
et un seul,
bouleversée
est mon ouïe.
Unité diversifiée
montre un monde
altéré
qui donne
sur le bonheur.
Cadeau,
quel que tu sois,
je me laisse
faiblesse
enlever par toi.
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Après la foule
le silence
la rencontre
par excellence.
Découverte des foules,
de leurs marches dans la ville,
de leurs pas dans le sein de chacun.
Présence personnelle.
Présence dans la multitude.
Elle ne se tient pas au dehors.
Au milieu de tout ce qui se voit
elle avance dans l’invisible
seul nécessaire.
Son secret
assidument veillé
donne la pensée à la foule,
il l’entraîne
là où elle n’irait pas :
dans la solitude son origine,
dans l’instant
qui n’en finit pas
de sa naissance.
Alors qu’elle crie
– comment une foule pourrait-elle ne pas crier ? –
le silence la porte
révèle le sens de ses hurlements.
On dirait des mots qui se transmettent.
Richesse de la foule,
qui est de la famille du silence,
richesse qui se tient au milieu d’elle
dans les liens multiples
créés par le silence.
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Le poème en recherche
rappelle la mémoire
des douleurs et des joies
et leur lumière.
Il y a de tout dans la ville,
et à chaque instant
elle se construit,
elle entraîne le poème
dans son élévation.
Elle lui donne
son passé, son avenir,
et s’établit dans le présent
avec lui.
Jour chaleureux
là même
où le froid était attendu.
La ville est généreuse,
ouvre grandes ses portes
à la création.
Le poème comme la ville
ne peut se taire.
Il est son chant,
sa mélodie,
son concert.
Et la ville multiplie les concerts,
les poursuit dans leurs origines,
demande au poème
de les regarder, de les écouter,
de recevoir en son sein
les mille facettes
de son évolution.
Il est bousculé
par la généreuse !
Il apprend à vivre, à rester,
chez elle.
Quelle hôtesse !
Elle lui donne tout,
elle lui demande
tout !
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