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L’intelligence
cherche le doute.
Il est sa lumière.
Elle le veut, l’appelle, le crie !
Elle n’entend plus le cœur
délaisse la douceur
s’enfonce dans le noir.
Elle est solitude
arrachement
faiblesse qui se tient debout.
Guidée par le vide
elle donne le tout.
Elle est
transparence.
À ce point elle est le cœur.
Il est en elle,
sa conviction.
Pensée aimante
ouverte
que le doute cherche
et conforte.
***
Devant la pensée :
un espace immense et vide
offert à sa liberté.
Imprégnée de tendresse
et d’inquiétude
elle dispose du langage
dans le présent et dans l’avenir.
Elle crée,
par l’incertitude,
par le tourment,
par le vide,
par la mémoire.
Dans le creuset de ses paroles
elle se repose.
En elle la mémoire accomplit le doute.
Le souvenir contemplé
de mots lumineux
menacés
leur donne une fraîcheur inconcevable.
La pensée les égrène
dans le sein de la vérité.
***
Le cœur
et sa brusque douceur
révèlent à l’intelligence
la vérité qui vit en elle.
Âpre exaltation
qui engendre des mots
à toute épreuve.
L’intelligence rejoint son passé.
Comme d’une brume
peu à peu se détache
la vérité.
La recherche n’est pas solitaire :
les contraintes du cœur
l’accompagnent.
Dans les paroles
la vérité donne son corps.
Elle souffre,
elle a soif,
elle crie,
jusqu’à étreindre de bonheur
l’intelligence et le cœur.
***
La vérité va son chemin
ferme et concrète.
Elle a pris par la main
l’intelligence
ne la lâche ni ne la presse.
Empruntant sa cadence
elle lui tient compagnie.
Elle lui donne son silence
dépose en elle
ses questions
ne lui cache pas
ses blessures
laisse traîner
des indices.
Le temps
recrute l’intelligence.
Il s’allonge ou s’écourte
selon la liberté
ou la conscience.
Par lui se manifeste
la caresse de la vérité.
***
Conscience de la vérité
et de la distance
et de l’unité
qu’entre cœur et intelligence
elle crée :
état cordial
de la pensée.
La vérité chasse la pensée
loin de sa contemplation
pleine.
Elle l’exile
dans les solitudes intellectuelles
et vitales.
Recherche extrême.
Comblée
par un cœur absent
qui ne cesse de l’étreindre,
amoureuse
des espaces ignorés
qui déjà la reconnaissent,
la pensée exulte.
***
Le temps
soudain
comble l’intelligence d’une immensité de lumière.
L’homme
l’accueille remercie infiniment
et la donne la donne encore et encore
à la vérité.
Puis il se pose dans le temps
qui lui impartit
attente
détente
entente
oriente son aventure
cisèle sa patience.
Il y a un bonheur du temps :
ce qu’il n’apporte il le multiplie.
Il y a une douleur du temps :
ce qu’il promet il ne le livre pas.
Dans son écoulement
l’homme perçoit
les ondes légères de la vérité.
***
Il entend
la douleur du temps l’appeler.
Elle est la solitude
où il veut s’égarer,
la mort
qu’il veut traverser,
l’instant de choix.
Il écarte
fleurs odorantes
épines blessantes
liqueurs enivrantes.
Derrière leurs apparences
il surprend
le visage émacié du temps.
Il désire
ses traits
farouches
ses mouvements
grotesques.
Il entre
en persévérance.
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Il interroge la lumière :
D’où vient-elle ?
Pourquoi le comble-t-elle ?
Il n’obtient en réponse
qu’elle-même :
Suis-moi
semble-t-elle lui dire.
Lumière certitude
sinon il ne la suivrait pas.
Lumière incertitude
sinon il ne la croirait pas.
Mélange qui le bouleverse,
et le fascine.
Doute
visage de clarté.
Hésitation
signe de reconnaissance.
Commence une aventure.
Doute inquiétude
sinon l’homme ne le penserait pas.
Doute quiétude
sinon il ne le regarderait pas.
***
Doute paisible comme la lumière.
Lumière inquiète comme le doute.
L’homme l’aborde.
Éviter la question il ne veut pas.
Il avance
pour cheminer jusqu’au bout avec
cette interrogation pareille à une lueur.
Il la suit
sans savoir pourquoi.
Simplement elle lui montre la route.
Aux intersections elle s’éteint.
À lui seul de choisir la voie.
Comme si elle avait coulé en lui
il devient lueur à son tour.
Être lueur pour son doute :
compétence de l’homme alors ?
Reste silencieuse ô ma question !
Lorsque tu as surgi
j’ai reçu le rôle de réponse.
Plus tu te tais
plus je t’étreins.
***
Lumière intense
tombée de haut
au carrefour des hommes.
Dans son rayonnement
nulle hésitation.
Aucune question
dans sa limpidité.
Mais parfois dans sa finesse
elle s’esquive.
Ses amoureux
vainement la cherchent.
Dans son éclipse
ils apprennent
sa tendresse.
Lumière noire,
ou muette,
brisée,
ou délaissée.
Les hommes dans sa blessure
l’embrassant
la diffusent.
***
Un cœur berce la pensée.
L’homme n’y croit pas,
il veut tout maîtriser.
Mais au détour d’une idée
la force
cède la place
à la faiblesse.
Attendrir l’intelligence :
changer sa parole
en écoute.
Le cœur la cherche,
lui donne une suite de lueurs
qui ébauchent
un paysage crédible.
La pensée comme un éclair
revient,
donne un mot,
le cœur le saisit, le transforme,
l’ouvre sur un espace
étincelant
de liberté.
***
Liberté :
floraison
du cœur et de la pensée.
Pour qu’elle s’accomplisse
ils veulent ensemble
sceller une alliance.
Ils s’y tiennent.
Vide la pensée
reçoit un printemps
généreux.
Son langage
imprégné des pollens du cœur
émane du pacte.
Elle écrit.
Il attend,
se tait,
donne
l’entière diversité de ses mots
à la pensée.
Qui donc de lui ou d’elle
déploie ses pétales ?
***
La distance
habite
entre cœur et intelligence.
Perle qui les blesse
elle les rapproche.
Ombre qui les émeut
elle les illumine.
Ils ont rendez-vous dans sa demeure.
Elle les invite,
elle les inquiète.
Ils l’interrogent,
veulent la connaître.
Elle les attire
dans les recoins les plus obscurs.
Ils apprennent l’un de l’autre
à penser dans le noir.
Ne se possédant pas
ils s’éclairent.
Cette maison est la leur.
Ils en explorent
les distances infinies.
***
Le cœur s’est tourné vers le doute
la pensée vers la lumière.
Quand ils regardent ensemble
le cœur voit clair
la pensée un peu moins.
Quelle est cette avancée
qui semble un recul pour elle ?
Du cœur elle ne peut se passer.
Si la lumière la délaisse
elle se tient près de lui.
Les doutes du cœur
deviennent les questions de la pensée :
contre toute attente
ils l’éclairent.
Elle apprend la douceur
de voir dans l’obscur.
Elle écoute le cœur
qui bat
au rythme des doutes
et qui lui distille
des larmes de sagesse.
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