• Lorsque la neige est noire, lorsqu’un automne anéanti est enseveli dans un hiver forcé, lorsque le désespoir tourne à la destruction, lorsque la nuit ne sait plus se dissiper, la blessure ne sait plus se soigner, l’effroi ne sait plus se calmer,

    lorsque l’horreur devient spectacle, la haine massacre, la souffrance vengeance,

    lorsque le monde a sombré,

    alors que tout est fini

    j’entrevois

    une lueur

    si fine.

    Le souffle coupé je perçois des paroles qui reviennent de loin, des images que j’avais oubliées, des sons que j’avais négligés.

    Ma plaie semble s’ouvrir sur un jour imprévu, inconnu, inattendu.

    Lorsqu’à l’aube la neige retrouve sa blancheur, l’hiver étonnamment se met à fleurir.

    J’ouvre les yeux, comme si jamais auparavant je n’avais su le faire. Je regarde.

    Je tends l’oreille, avec peine, par manque d’habitude certainement. J’entends.

    Je reconnais le sens des mots, qui me parviennent comme s’ils étaient déguisés. J’écoute.

    Je devine le nouveau paysage, encore enveloppés lui et moi dans une brume

    qui me protège, afin que trop d’éclat ne m’aveugle, ne m’assourdisse, ne m’abasourdisse.

    Je crois rêver, mais c’est avec délicatesse si l’on peut dire que la réalité se présente.

    J’apprends à ne pas fixer le soleil.

    J’apprends à ne pas m’étendre dans le noir.

    J’apprends à côtoyer la blancheur de la neige.

    Car, je ne le savais pas, c’est le rôle de l’hiver :

    nourrir le printemps,

    et le libérer !

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires