• Commencement du poème : avorté. L’homme a dressé une barrière, rendu la beauté inaccessible. Mais, dans ce noir élaboré, le malaise accepte la parole. Comme si elle contournait l’obstacle, la méprisée s’approche.

     

     

    On croirait l’humanité contraire à sa venue. La terre est prise de convulsions. En réalité, la beauté se grave dans la chair du monde.

     

     

    Voici béante la plaie de l’univers. Ici agonisent les hommes. La beauté, qu’ils ont rejetée, vient les retrouver.

     

     

    Ou de leur mort se lève-t-elle ? Son visage est empreint de douleur jusque dans les traits de son bonheur.

     

     

    Sur ce vide laissé la beauté se profile.

     

     

    La voici, par l’anéantissement de l’humanité, peu à peu simplifiée.

     

     

    … et plus loin que l’horreur, passée la haine, le jeu commence, des enfants et de leur beauté.

     

     

    Légèreté, qui prend les poids du monde, gaieté, qui relève les tristesses.

     

     

    Légère la beauté console.

     

     

    Belle la gaieté pour elle implore les hommes.

     

     

    Tandis qu’à pleines mains ils prennent leurs fardeaux, souffle en eux l’inspiration.

     

     

    Étreint le visage des tristesses, libre se pose la création.

     

     

    Passé insuffisant, présent décevant dans une relation s’épanouissent.

     

     

    D’un effondrement naissent des enfants comme des peintres.

     

     

    Ne sont-ils pas de leurs tableaux les nuances sensibles ?

     

     

    Celles qui, de leur pâleur oubliée, reflètent une lueur ?

     

     

    Fluides les couleurs, distinctes… et inséparables.

     

     

    Insaisissables, elles donnent sur une œuvre longtemps délaissée.

     

     

    Étincelantes, elles s’éteignent dans une lumière qui inonde leur paysage.

     

     

    Disparaissant elles donnent aux éboulements la splendeur.

     

     

    Tandis qu’elles fondent, leurs décombres aussi se changent en perles.

     

     

    Retour à l’œuvre, l’authentique, celle de la mort qui vit.

     

     

    Elle est absence et, parce que telle, volonté de présence.

     

     

    Elle saisit l’artiste, et l’efface.

     

     

    Veut mettre à sa place un autre, n’importe quel autre.

     

     

    En vue de cet échange, elle les comble de lumière.

     

     

    … et par l’autre s’envole la création.

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