• La vie

    a choisi la nuit.

    *

    La nuit

    est l’écrin de la vie.

    *

    Dans l’écrin

    s’affine la parole.

    *

    La parole affinée

    entrouvre l’histoire.

    *

    Dans l’histoire,

    la nuit

    obéit à la parole.

    *

    La parole

    souvent revient

    chez la nuit.

    *

    La nuit est légère,

    comme la parole.

    *

    La nuit s’obscurcit,

    s’adoucit.

    *

    Dans la douceur,

    la parole tremble.

    *

    Dans le tremblement,

    la joie demeure.

    *

    Dans la joie

    la fatigue creuse.

    *

    De la fatigue

    se lève

    la liberté.

    *

    La nuit

    prend chair,

    lumineuse.

    *

    La peur délaissée,

    l’horizon

    donne sa brume.

    *

    Le passé s’éteint,

    la poésie

    s’aventure.

    *

    Le soleil

    se retourne vers l’ombre.

    *

    C’est la terre,

    qui est claire.

    *

    Un vide,

    qui a le bonheur de l’être.

    *

    L’être,

    qui a la peur

    de ce vide.

    *

    L’être,

    qui n’en peut plus

    de joie

    de ce plein.

    *

    Le vide

    a laissé venir

    la vie !

    *

    La vie

    emporte le vide

    dans le soleil.

    *

    Veiller,

    sur la terre.

    *

    Le marbre

    dans son agilité

    abrite

    la souffrance.

    *

    La chair

    dans sa fragilité

    sertit une douleur.

    *

    S’estompe la douleur,

    s’ébauche

    l’œuvre.

    *


    Passe le soleil

    par la froideur

    du vent,

    et fait signe

    à l’œuvre.

    *

    L’œuvre

    est sœur de la terre

    et lui donne la vie.

    *

    Désir douloureux de vide

    pour créer

    l’espace de la vie.

    *

    Pas à pas,

    du côté de l’étranger,

    s’approchent

    les couleurs de la vie.

    *

    Un silence

    s’abaisse

    et emmène

    vers la demeure étrangère.

    *

    Apprendre

    le silence.

    *

    L’oubli

    ouvre grandes les portes.

    *

    L’oubli

    connaît

    la mémoire de l’étranger.

    *

    La constance du cœur

    elle aussi

    demande

    l’oubli.

    *

    La souplesse du cœur

    a besoin

    de l’oubli

    et de sa tendresse.

    *

    L’oubli

    soudain

    avec tendresse se rappelle

    le temps du cœur.

    *


    Laisser l’oubli

    envahir le corps.

    *

    Le corps

    s’il est blessé

    laisse entrer

    la mémoire

    de l’oubli.

    *

    Peu à peu

    se rappelle

    l’étranger,

    le plus intime.

    *

    L’étranger

    dans le corps

    lui donne

    par un sourire

    d’être petit.

    *

    Commence

    peut-être

    l’ère

    de l’apprenti petit.

    *

    La compagnie

    est

    le lieu de l’apprenti.

    *

    Le temps

    devenu compagnie

    est

    apprentissage.

    *

    Si le temps

    ne tombe et se brise

    il n’est pas

    compagnie.

    *

    Le lieu s’efface,

    se lève

    la compagnie.

    *

    Le soulèvement

    entraîne

    dans le corps

    de nombreuses pertes.

    *

     Parmi les pertes,

    se soulève

    douloureux,

    libre,

    l’étranger,

    l’intime.

    *

    Terre intime

    que ses habitants

    modèlent.

    *

    La rencontre

    de ses multiples habitants

    sculpte

    l’intimité.

    *

    L’existence

    de la terre :

    ceux qui l’habitent.

    *

    Si la terre

    n’est pas humble,

    elle ne distingue pas

    ceux qui la peuplent.

    *

    La neige qui demeure

    apaise

    dans le feu

    les nations de la terre.

    *

    Quelle nation

    dans la neige

    ne serait comblée de mourir

    pour la couleur

    des autres ?

    *

    Et morte la terre,

    la voici

    constellation !

    *

    L’instant d’une étoile

    dépend

    du temps d’une autre.

    *

    Les peuples de la terre,

    et c’est vrai,

    en sont

    l’intimité.

    *

     Une galaxie

    a besoin douloureusement

    d’un instant

    pour s’ouvrir à ses étoiles.

    *

    Le silence

    est la demeure

    des nations.

    *

    Au silence,

    les nations

    demandent

    de parler.

    *

    Mais le silence

    a besoin

    du temps

    pour devenir

    peuple.

    *

    À celui qui se tait

    revient

    une naissance

    berceau de liens

    tissés

    clairement.

    *

    Le peuple qui oublie

    le silence

    n’est plus que

    seul.

    *

    Humblement

    nous réunir,

    écouter

    l’un de l’autre

    le silence.

    *

    En toi je respire,

    peuple étranger

    qui sans cesse

    renaît chez moi.

    *

    Nations intimes

    au sommet de leur clarté

    dehors, en toi,

    se multiplient.

    *

      Les peuples

    aiment le néant,

    qui élève

    leur demeure.

    *

    La nuit

    porte

    la vie des peuples.

    *

    Lorsque la nuit

    heurte le corps

    l’homme

    sans le vouloir

    cède la place

    à la lumière.

    *

    La nuit du corps

    est lourde

    mais laisse percer

    le sens

    intime

    de sa vie.

    *

    La nuit du corps :

    la vie !

    *

    La nuit

    est obscure

    jusqu’à en émouvoir

    les hommes.

    *

    La nuit

    est belle

    jusqu’à en éclairer

    les hommes.

    *

    Les étoiles

    comme les hommes

    dans la nuit

    ensemble

    demeurent.

    *

    Finesse

    de la nuit :

    choisir

    la lumière !

    *

    Tournés

    vers la lumière !

    Sinon,

    comment

    obscurcir ?

    *

    Captifs

    de la nuit !

    Sinon,

    comment

    resplendir ?

    *

    Laisser s’en aller la lumière

    parmi les peuples.

    *

    L’heure

    de l’habitant

    attend

    la splendeur

    de la nuit.

    *

    Le jour où

    la terre

    sera consciente

    de la lumière

    *

    Être nuit :

    donner aux peuples

    de la terre

    la conscience

    de la lumière…

    *

    La lumière

    occupe

    la terre.

    *

    La lumière

    choisit

    la vie.

    *

    Dans le sein de la lumière,

    recherche de l’ombre

    pour que tous

    se lèvent

    lueur.

    *

      L’ombre

    où je suis entré

    tout à l’heure

    portait

    la lueur de la joie.

    *

    La joie encore,

    et sa lueur,

    quelle que soit l’ombre

    qui vienne !

    *

    Comme ils éclatent de rire,

    les habitants !

    Dans l’envoi

    et le renvoi

    de leurs graines de lumière !

    *

    Dans le corps éprouvé,

    tout au fond,

    une envie,

    de sourire !

    *

    Tout au fond de l’épreuve

    me livrer

    à la liberté de la lumière.

    *

    La vie

    a choisi la nuit.

    La nuit

    a choisi la lumière.

    La lumière

    a choisi le peuple

    pour me donner

    la vie…

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